The Suburbs
7.5
The Suburbs

Album de Arcade Fire (2010)

Après la grosse déception de Neon Bible, Arcade Fire avait tout à prouver avec The Suburbs. Malheureusement, avec ce troisième disque, le groupe canadien semble avoir définitivement abandonné la belle spontanéité qui animait Funeral au profit d'un lyrisme pop qui joue clairement au dessus de ses moyens : seize titres (en d'autres temps c'eut été un double album), un soit-disant concept (oui oui on a bien capté, le mot "suburbs" revient dans chaque chanson comme caution dudit concept, et c'est un peu lourdaud), les canadiens ont mis les bouchées doubles mais le résultat manque cruellement de respirations.


Cependant il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas saluer l'entrée en matière de Butler et cie avec deux morceaux magnifiques ("The Suburbs", "Ready To Start", enflammés, victorieux). Mais c'est justement cette introduction en fanfare qui pèse lourdement sur le premier petit faux pas. En troisième position, "Modern Man", étrangement mou du genou, fait retomber le soufflé aussi vite qu'il est monté.
Les montagnes russes commencent alors leur (long) chemin: "Rococo" est superbe, "Empty Room" rappelle le meilleur de Miranda Sex Garden mais le riff anesthésiant de "City With No Children" casse bien rapidement ce nouveau départ.


Nouvelle triplette et nouvelle déception : les deux "Half Light" sont somptueux mais The Suburbs retombe ensuite dans une forme d'atonie avec "Suburban War" (vous aurez noté la réminiscence conceptuelle dans le titre) qui peine à passer la seconde. C'est curieux : beaucoup de détracteurs d'Arcarde Fire se moquent de leur aspect orchestral un peu bordélique mais c'est pourtant quand ils suivent cette voie qu'ils sont les plus convaincants. Dès que les canadiens reviennent à un format pop plus classique (et c'est le cas de leurs morceaux les moins bons ici), ils sont ennuyeux.
La plus belle preuve : ce "Month Of May" très cadré garage qui ne dégage aucune énergie et colle au béton.


La suite est à l'image des deux premiers tiers : en dents de scie. Alternant le bon ("Wasted Hours", pourtant assez traditionnel, mais impeccable mélodiquement, "We Used To Wait" et "Sprawl II", teintés eighties), le très bon ("Deep Blue", triomphal) et l'anecdotique ("Sprawl", plus étique que dépouillé).
On notera que le conceptuel "The Suburbs (continued)" (tiens tiens !) achève en finesse un disque qui rappelle à beaucoup d'égards le bien connu Kouign Amann : plutôt bon mais assez indigeste, il faut le dire.

Francois-Corda
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs albums de 2010

Créée

le 29 août 2018

Critique lue 177 fois

François Lam

Écrit par

Critique lue 177 fois

D'autres avis sur The Suburbs

The Suburbs
Liverbird
9

Spleen & Shout

Depuis ses premiers battements, le rock'n'roll parle la ville. Concocté à partir d'une fusion de différents courants musicaux, du rythm and blues en passant par la country, sa spécificité, à...

le 7 févr. 2017

29 j'aime

5

The Suburbs
PrObsequious
8

Grab your mother's keys, we're leavin'.

Concept album pas toujours homogène tout en faisant bloc, « The Suburbs » parle de tous ces gamins hirsutes et mal bâtis, piégés dans l'oisiveté poisseuse de ces après-midi d'étés sans fin. Occupés à...

le 7 juin 2012

9 j'aime

The Suburbs
alexisvarthy
9

Critique de The Suburbs par alexisvarthy

Il y a des groupes que l'on vénère pour ce qu'ils représentent, la musique qu'ils jouent, et les émotions qu'ils nous font ressentir. Le genre de groupes qui marquent, dont on devient fanatique,...

le 22 mai 2012

8 j'aime

Du même critique

Traum und Existenz
Francois-Corda
7

Critique de Traum und Existenz par François Lam

Surprenante cette association entre Rebeka Warrior et Vitalic ? Pas franchement, et à bien des égards. D’abord, Rebeka Warrior est une familière du monde de la techno avec Sexy Sushi depuis des...

le 10 mai 2019

7 j'aime

Civil War
Francois-Corda
5

Critique de Civil War par François Lam

En interview dans le numéro d’avril de Mad Movies, Alex Garland se réclame d’un cinéma adulte qui ne donnerait pas toutes les clés de compréhension aux spectateurs, à l’instar du récent Anatomie...

le 21 avr. 2024

5 j'aime

The Telemarketers
Francois-Corda
8

My name is Patrick J. Pespas

Les frères Safdie, producteurs de The Telemarketers, ont trouvé dans Patrick J. Pespas l'alter ego parfait de leurs personnages aussi décalés qu'attachants créés dans leurs longs métrages de fiction...

le 3 nov. 2023

4 j'aime