Spleen & Shout
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Après la grosse déception de Neon Bible, Arcade Fire avait tout à prouver avec The Suburbs. Malheureusement, avec ce troisième disque, le groupe canadien semble avoir définitivement abandonné la belle spontanéité qui animait Funeral au profit d'un lyrisme pop qui joue clairement au dessus de ses moyens : seize titres (en d'autres temps c'eut été un double album), un soit-disant concept (oui oui on a bien capté, le mot "suburbs" revient dans chaque chanson comme caution dudit concept, et c'est un peu lourdaud), les canadiens ont mis les bouchées doubles mais le résultat manque cruellement de respirations.
Cependant il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas saluer l'entrée en matière de Butler et cie avec deux morceaux magnifiques ("The Suburbs", "Ready To Start", enflammés, victorieux). Mais c'est justement cette introduction en fanfare qui pèse lourdement sur le premier petit faux pas. En troisième position, "Modern Man", étrangement mou du genou, fait retomber le soufflé aussi vite qu'il est monté.
Les montagnes russes commencent alors leur (long) chemin: "Rococo" est superbe, "Empty Room" rappelle le meilleur de Miranda Sex Garden mais le riff anesthésiant de "City With No Children" casse bien rapidement ce nouveau départ.
Nouvelle triplette et nouvelle déception : les deux "Half Light" sont somptueux mais The Suburbs retombe ensuite dans une forme d'atonie avec "Suburban War" (vous aurez noté la réminiscence conceptuelle dans le titre) qui peine à passer la seconde. C'est curieux : beaucoup de détracteurs d'Arcarde Fire se moquent de leur aspect orchestral un peu bordélique mais c'est pourtant quand ils suivent cette voie qu'ils sont les plus convaincants. Dès que les canadiens reviennent à un format pop plus classique (et c'est le cas de leurs morceaux les moins bons ici), ils sont ennuyeux.
La plus belle preuve : ce "Month Of May" très cadré garage qui ne dégage aucune énergie et colle au béton.
La suite est à l'image des deux premiers tiers : en dents de scie. Alternant le bon ("Wasted Hours", pourtant assez traditionnel, mais impeccable mélodiquement, "We Used To Wait" et "Sprawl II", teintés eighties), le très bon ("Deep Blue", triomphal) et l'anecdotique ("Sprawl", plus étique que dépouillé).
On notera que le conceptuel "The Suburbs (continued)" (tiens tiens !) achève en finesse un disque qui rappelle à beaucoup d'égards le bien connu Kouign Amann : plutôt bon mais assez indigeste, il faut le dire.
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Créée
le 29 août 2018
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