GUNNM est assez déconcertant au premier abord. L'intrigue se déroule dans un univers cyber-punk dystopique pas franchement réjouissant, le trait de Kishiro brouille tous nos critères de beauté et les personnages qui en ressortent sont, disons-le clairement, assez immondes. Dans la Décharge, vaste étendue d'ordures où pullulent les cyborgs et autres bestioles semi-humaines mécaniquement modifiées, seule Gally parvient à surnager par sa beauté, son innocence, sa pureté.
Ramassée par Ido, docteur qui va tout faire pour lui créer une vie ici-bas, Gally va nous plonger avec elle dans ses péripéties nouvelles, à la recherche de plusieurs idéaux : la vérité sur son passé, l'amour, la gloire, la vie, la mort, etc.
En neuf tomes (ce qui en fait un manga à la fois rapide et maitrisé), GUNNM se dévore, malgré quelques réticences au début et durant les tomes du Motorball pour cause d'un côté kitch assez déconcertant (tout du moins pour moi). Gally va rencontrer des personnes inoubliables pour elles, qui vont remettre en question sa vie et ses actes, de son sauveur Ido au génialement dément Nova en passant par le divin Jahsugan et le leader Den ; ces affrontements ou ces moments de grâce sont narrés superbement par le mangaka, faisant évoluer son héroïne au fil des lectures, de l'enfance juvénile des premiers tomes à l'accomplissement vers la sagesse dans les derniers chapitres.
Ce qui est étrange avec GUNNM, c'est que c'est à la fois très beau et très laid : Gally apparait comme la seule empreinte humaine dans une Décharge immonde et brutale qui oppresse sans cesse le lecteur à travers chaque case, où des cyborgs mal formés et repoussants harcèlent l'œil. L'avancée du scénario vers le "secret de Zalem" comme le dit Nova va être le point d'orgue de cette lute pour l'humanité que dépeint Kishiro.
En clair, c'est un manga assez étrange qu'on a là, vers lequel on ne serait pas tenté d'aller et qui peut rebouter dans les premières pages, mais dont la réussite se révèle au fur et à mesure pour finalement dresser un bilan nettement positif après les neufs tomes des aventures de Gally.
(et aussi, le Panzer Kunst déboite sa maman)