Une bande-dessinée qui pointe différentes problématiques liées aux représentations médicales et sociales des “organes génitaux féminins” avec un ton humoristique revendiqué.
La BD prend une forme assez étonnante, en effet le texte y tient une place fondamentale, occupant une importante proportion des bulles, ce qui peut surprendre et parfois alourdir un peu les planches. A travers différents chapitres thématiques, l’autrice porte un regard critique sur l’intérêt porté au sexe féminin, en dépréciant fortement et à juste titre certaines figures médicales et psychanalytiques (dont Freud) en effectuant un travail important de mise en perspective féministe de l’histoire. Entre autres remarques, elle fait également le lien entre les textes religieux pointant les menstruations comme impures et la présentation capitaliste des produits d’hygiène menstruelle, rejoignant l’importante théorie du continuum sexiste dans la société et l’histoire. Elle a le mérite de pointer l’impact de la structure sociale sur la capacité de l’individu·e à se représenter (et donc pour elle à dessiner) divers éléments comme les hommes ayant leur règles.
Pour autant, le ton humoristique me semble présenter quelques limites en ce qu’il tend potentiellement à l’essentialisation de certains comportements, comme par exemple la bulle qualifiant les relations amicales entre les hommes comme exclusivement fondée sur le partage d’activités, sans forcément proposer de pistes pour dépasser cette potentielle caractéristique sociale héritée du patriarcat et qui pénalise finalement les hommes dans leurs relations. Très loin de penser que les hommes ne sont pas à moquer, il est toujours appréciable de voir les productions culturelles dépasser la limite pointée pour esquisser un contre-modèle.
L’accessibilité et les thématiques traitées en font tout de même un texte à recommander tant il permet une prise en compte de certains enjeux liés à l’appareil biologique des personnes XX ou intersexes mais aussi plus largement, on peut l’espérer, de tout·e lecteur·ice.