Le bleu est une couleur chaude par AGipsySpirit
Ce qui est absolument génial avec la blogosphère, c’est que ça vous donne plein d’idées. C’est après avoir lu une chronique que je me suis décidée à lire Le bleu est une couleur chaude.
Bon d’abord faut bien l’avouer, c’est le titre qui a interpellé mon âme de graphiste (et d’artiste frustrée). Après deux pages, votre coeur se déchire déjà dans sa cage thoracique. C’est triste, mais c’est beau en même temps. On suit l’histoire de Clémentine à travers son journal intime, comment elle rencontre Emma, comment celle-ci va l’aider à s’accepter alors que l’intolérance rôde autour d’elle. Cette BD, c’est surtout un engagement au droit d’aimer. Très vite, on est happé par cette histoire touchante qui jamais ne tombe dans la facilité ou les clichés. Évidemment,t, cela reste le point de vue d’une adolescente mais Julie Maroh arrive à ne pas faire crasher son histoire dans du mielleux, bien au contraire, elle l’exploite à merveille, le ressenti des émotions par exemple, le coeur de Clémentine prêt à bondir hors de sa poitrine.
Le style graphique de la BD donne aussi tout son sens au titre. Alors que le présent est tout en couleurs, les mémoires de Clémentine sont presque monochromes, seul le bleu, cette couleur propre à l’histoire, aux cheveux d’Emma, vient par touche sur les cases. Cette couleur donne réellement de la chaleur à l’histoire. Je ne sais pas si l’aquarelle est la technique préférée par Maroh ou si elle a simplement pensé qu’il s’agissait de la meilleure pour raconter cette histoire, mais elle a fait un splendide choix. L’aquarelle est une technique transparente qui dégage une grande sensibilité et donne vraiment une atmosphère particulière. Certaines cases et planches ont vraiment une puissance émotionnelle très forte, souvent aidé par les visages très expressifs.
Julie Maroh est une jeune auteur et illustratrice de bande dessinée. Elle est née dans le nord de la France et a fait ses études de BD et de lithographie à Bruxelles (Saint-Luc et Beaux-Arts) où elle vit depuis. Elle a reçu de très nombreux prix pour ce livre dont le prix Jeune Auteur à Roubaix, le prix du Public Fnac-SNCF au Festival d’Angoulême 2011 où l’album était d’ailleurs mis à l’honneur ainsi que le prix du Meilleur album international lors du Festival international de la BD d’Alger. Abdelatif Kechiche a réalisé l’adaptation cinématographique, La vie d’Adèle, avec Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos sort cette année au cinéma. Il a d’ailleurs été sélectionné pour la compétition officielle du Festival de Cannes.