C'est avec une petite bombe que Tome et Janry clôturent leurs presque 15 ans de collaboration.
Et pour le coup, ils n'ont rien fait comme d'habitude.
L'histoire est glauque et digne d'un roman dramatique. Lire cette BD n'est donc pas parcourir un "Spirou" classique. Il s'agit clairement d'un autre genre, d'un titre à part. L'ambiance est particulièrement sombre et très belle grâce au travail de Stéphane Debecker (qui oeuvre déjà depuis quelques années avec le duo).
Le scénario est également très différent de ceux que l'on a l'habitude de trouver dans la série. Pas de happy end. Tome donne le meilleur de lui. Cela inclut la fin incroyable de cet opus.
Je regrette cependant certains raccourcis et du coup certaines invraisemblances dans les ressorts de l'histoire. Tome n'est pas allé jusqu'au bout du concept et maintient hélas l'aspect "conte pour enfant".
Les dessins sont totalement transformés. Si Janry excelle toujours dans la finesse de ses traits, il revisite largement les visages des héros. Ce n'est sans doute que pour mieux préparer l'arrivée prochaine d'un nouveau duo qui va créer une rupture encore plus franche.
Les personnages - au-delà de leur physionomie - sont donc modifiés. Il en est également de même de leurs comportements qui sont altérés. Seccotine a toujours l'habitude de se jeter dans la gueule du loup mais elle laisse poindre ses émotions. Spip devient un animal de compagnie sans voix intérieure. Fantasio a toujours sa gouaille mais aucune maladresse ne pointe à l'horizon.
La construction des planches est également très créative. Les plans sont cinématographiques grâce à un travail sur la taille et l'agencement des cases.
Alors, est-ce que ce Spirou est génial ?
Oui dans le cadre de la série (qui reste globalement moyenne tout de même).
Non au regard de nombreuses productions indépendantes qui donnent leur noblesse au 9ème art.