Ce recueil constitue une histoire complète parue à l'origine en 1987 dans Web of Spider-Man 31 & 32, Amazing Spider-Man 293 & 294, et Spectacular Spider-Man 131 & 132. Ce tome comprend les 6 épisodes en question.
Sergei Kravinoff est un criminel qui s'habille d'un pagne en léopard et d'un gilet sans manche et se fait appeler Kraven the Hunter. Ce personnage est apparu pour la première fois dans Amazing Spider-Man 15 en août 1964. Il possède des connaissances en herboristerie qui lui permettent de concocter des potions ayant différents effets : poison, paralysie, augmentation de la force ou de l'acuité des sens... Dans cette histoire, Kraven abat Spider-Man d'une balle de fusil de chasse, il le fait enterrer et il revêt l'habit du superhéros pour prendre sa place.
J.M. DeMatteis est un grand professionnel des comics, autant pour des histoires de superhéros (Batman : absolution & Justice League International), que pour des bandes dessinées plus personnelles (Moonshadow & Brooklyn Dreams). Mike Zeck est essentiellement connu pour avoir illustré The Punisher : Cercle de sang. Il est ici encré par Bob McLeod, un autre professionnel vétéran des comics.
La particularité de cette histoire de Spider-Man est qu'elle a pour principal personnage le criminel et que Peter Parker ne débite pas de blagues. Il s'agit d'une histoire très sombre qui a pour principaux thèmes l'introspection de Kravinoff et l'impact psychologique pour Peter Parker d'avoir été enterré vivant. J.M. DeMatteis nous fait pénétrer dans la psyché de Sergei sous forme de flux de pensées. Il nous invite à adopter le point de vue de Kraven sur la réelle signification des combats qui l'opposent à Spider-Man et sur le poids de son héritage familial. Du coté de Peter Parker, DeMatteis nous montre à la fois la peur instillée par Kraven et l'incapacité totale à déchiffrer et comprendre les actions de Kraven.
À l'évidence, il ne s'agit pas d'un comics pour les plus jeunes et il ne rentre pas dans le moule des aventures habituelles du tisseur de toiles. DeMatteis va même jusqu'à jouer avec l'idée de l'araignée comme totem de Peter Parker (thème qui sera repris et développé plus tard par Straczynski) et comme symbole de l'échec de l'être humain. Les illustrations de Mike Zeck sont un peu datées années 80 et souffrent à plusieurs reprises d'un manque criant d'arrière plan. D'un autre coté le rendu des personnages est très soigné avec des relents de Joe Kubert qui leur donnent une intemporalité et une force peu commune.
Pour les fans, cette histoire se classe parmi les meilleurs classiques de Spider-Man. Effectivement les 2 créateurs réussissent le pari de rendre Sergei Kravinoff humain, crédible, tourmenté et étrangement lucide. Peter Parker a rarement été aussi vulnérable et héroïque. Mary Jane (les 2 étaient jeunes mariés à ce moment) est une femme amoureuse mais pas mièvre. Le manque de décors est très déconcertant et le mode narratif ne va pas assez loin dans l'utilisation du flux de pensées désordonnées. L'exécution de l'histoire manque d'un soupçon de savoir faire pour atteindre tous les buts ambitieux qu'ils s'étaient fixés. Cette histoire a eu droit à un épilogue : Soul of the Hunter (en anglais).