Si le mâle cis hétéro moyen, visionnant ça, n'a pas anémié un peu trop son asperge en passant beaucoup de temps devant des sites parmi les plus consultés sur Internet, il peut ressentir une pointe d'excitation face au physique avantageux de l'actrice principale en tenue d'Eve. C'est la seule émotion qu'il risque d'avoir en regardant cette œuvre creuse et prétentieuse.
Bon, l'histoire, ce sont deux personnes qui ont envie de baiser ensemble comme des malades, au risque d'aller à l'encontre de leurs intérêts personnels, isolés par et dans leur désir charnel, par lequel la confusion entre sexe et amour va très vite débarquer... Au moins, si le tout est creux et prétentieux, le sujet a le mérite de n'avoir jamais été abordé... Ah... attendez... On me signale à l'oreillette que qu'il a été utilisé dix milliards de fois au cinéma depuis le début des années 1970... Notamment par des cinéastes comme Bernardo Bertolucci, Nagisa Ōshima, Patrice Chéreau ou encore Gaspar Noé ?
Ben, au creux et au prétentieux, je me vois contraint d'ajouter l'absence totale d'originalité. Il va sans dire, en conséquence, que le spectateur moyen, anesthésié depuis des plombes par des myriades de films de la même eau et surtout... surtout... par une abondance de porno accessible en deux clics, n'a plus de quoi être choqué. Ouais, ce qui a pour volonté ostensible de perturber un paysage cinématographique bourgeois et consensuel est en fait bourgeois et consensuel depuis plusieurs décennies.
Mais au-delà de ça, de son éventuel réalisme intrinsèque, une séquence de sexe cru pourrait faire son effet, même aujourd'hui, le poignet endolori ou non, s'il y avait un contexte émotionnel fort, apporté avec justesse, parvenant ainsi à provoquer l'inconfort ou, au contraire, la sensualité. Or, ici, ce n'est pas le cas, les situations étant autant de clichés vus ou revus, dont la plupart n'auraient pas détonné dans les premières minutes (zappées généralement par les usagers, vu l'impatience de leur trique en feu !) d'une vidéo X (le léchage d'abricot sado-maso, le rapport sexuel à quelques mètres du mari cocu, le début de baise à l'arrière du taxi, le threesome après un conflit, etc. !).
Quant aux longues ellipses s'appuyant sur les cycles lunaires, ce n'est qu'un cache-misère pitoyable pour tenter de dissimuler la paresse d'approfondir progressivement l'évolution des personnages dans le temps, de pourquoi et comment ils en sont arrivés à un tel état des choses lors de telle partie ou de telle autre du long-métrage.
En ce qui concerne l'acteur principal, en dehors d'être à poil, il se contente d'afficher constamment des yeux bien énervés pour souligner, ô combien, il est toujours trop vénère. Quelle richesse dans la gamme de jeu !
Globalement, l'unique chose que je sauve, c'est la photographie d'Yunus Roy Imer, particulièrement quand elle nous plonge dans des teintes hivernales ou nocturnes.
Autrement, un peu de psychédélisme à base de flou et de filtres colorés (bien assurés par Yunus Roy Imer, ce n'est pas là le problème !), une petite pincée de morceaux classiques, un titre intrigant, et hop, emballé, c'est pesé, tout le monde va prendre le résultat pour un truc intello. Reste que cela se révèle aussi consistant qu'un trou dans un emmental (oui, le film vient de Suisse et je me devais de conclure sur une vanne pourrie en lien avec ce pays... désolé !).