Considéré par certains comme le plus grand film d’action de tous les temps, ce ballet de feu et de sang ne s’avère au final qu’un dernier baroud d’honneur avant l’exil pour un John Woo qui y met tellement tout ce qu’il a dans le sac que ça en devient franchement difficilement digérable.
Comme une tequila frappée qui vient vous retourner le cerveau et vous entraîne dans une sorte de démesure explosant tout sur son passage, cet opéra baroque percutant aux accents dantesques doit avant tout être pris pour ce qu’il est : la dernière chevalerie d’un chef d’orchestre qui validera définitivement sa marque de fabrique en faisant un style.
Car John Woo c’est autre chose qu’un simple nom de réalisateur, c’est frappé d’un sceau. Un polar Wooien ça veut dire quelque chose.
Alors bien sûr, et contrairement à son chef d’œuvre ultime The Killer, on perd ici tout mesure et on entre dans une sorte de fourre-tout endiablé perdant toute perspective et totalement irréaliste. Comme ses personnages, souvent au bord de la rupture, la direction de l’auteur est ici justifiée par quelques apparitions en forme de clin d’œil amical à son acteur fétiche dont il a fait une icône. Ils se proposent tous les deux d’aller mettre un dernier boxon.
Avec Hard Boiled on entre déjà dans le Woo iconisé pour son style omettant la profondeur sous-jacente de son œuvre. Comme si Woo ce n’était que du feu et des claquements de percuteurs, des effets de style et de l’esthétique en découlant. John Woo ne serait-ce pas ça au final ?
Du film de chevalerie où les flingues remplacent les sabres. Du Wu Xia Pian balistique en quelque sorte.
En tout cas le style est définitivement labellisé avec ce film, dans les salons, ou si on veut parler référence du film d’action, on se doit d’aborder le cas Hard Boiled. Comme s’il le savait déjà il y met franchement le paquet et ça en devient franchement excessif. On est à la limite de la rupture. Toute la science du mouvement et la stylisation du montage sont ici presque oubliés par ce trop-plein de pétarades faisant couler des litres de sang. Pas toujours pour le meilleur. Mais on va dire qu’il faut le prendre pour ce qu’il est, une sorte d’adieu titanesque avant un départ prometteur qui ne laissera que peu de traces.
John Woo est définitivement entré au panthéon des géants du polar