Généralement quand on avoue publiquement éprouver une certaine sympathie - voir un amour interdit - à l'égard des comédies romantiques, on se confronte aux regards mi-médusés mi-amusés du commun. Pas possible, tu peux pas être un mec et aimer te farcir dans la même journée de L'Echelle de Jacob et du Bébé mode d'emploi sans passer pour une grosse tanche.
Et bah merde, dans plaisir coupable, on parle bien de plaisir que je sache.
Alors oui, comme dans tous les genres on a notre lot d'horreurs suintantes, j'en ai plus d'une fois fait les frais en compagnie de madame Fosca. Souvent, pourtant, je décidai d'accorder ma confiance et de me convaincre d'un simple "pourquoi pas". Ça s'appelle comment ? Coup de foudre à St-Jean de luz ? Laisse moi deviner, on te cause d'un amour impossible entre une joli nana que personne ne remarque et un empafé de première qui va se la jouer poète maudit... Bref, vous voyez le scénario type façon roman de gare.
Là, avec Ami-Ami, je dois dire que ça avait l'air de craindre comme la Pologne en 39. En plus, croiser l'une des têtes d'affiches de Soda - cette misère ambulante - ne me confortait pas vraiment.
Et j'ai fait confiance. Pourquoi ? Parce que ça m'a fait rire, tout simplement. Et j'ai eu raison semble-t-il.
Dans ce film, on ne peut pas non plus dire que ça ne ressemble pas à du réchauffé niveau synopsis : Vincent vient de se faire larguer par un amour de cinq ans. La tuile, le truc à te foutre plus bas que terre sans la clémence pour t'achever. Mais voilà qu'il rebondit quelques peu avec Nefeli, sa meilleure pote avec qui il décide d'emménager. Apart´ de dingue en plein Paris - déjà on frôle la science fiction - mais crasseux parce que bon à 25 ans, en plein désarroi, on se laisse facilement crever en silence. En tous les cas, Ami-Ami va traiter de l'amitié homme-femme dans toute sa longueur, passant par l'évidente ambiguïté d'un sexe à l'autre.
J'ai passé un très bon moment. Ouais, carrément. S'il paraît à première vue bourré d'un tas de clichés à faire dresser les tifs d'un pelé, Ami-Ami s'avère nettement plus fin que cela. À mi-chemin entre les séries Love et Lovesick - le must en la matière - nous nous dégageons du classique pour traiter l'amour avec un certain réalisme. Si tout est finalement assez attendu, le dénouement ainsi que diverses péripéties ne sont pourtant pas si communs - mes condoléances à la famille d'un certain frigidaire.
Chose rare, de plus, dans une comédie romantique française, c'est une ambiance de qualité. L'atmosphère est maîtrisée, la lumière et la réal révèlent quelques subtilités tout à fait bienvenues - le temps d'une douche -, la bande-son tape où il faut. Bref, très appréciable.
Bien évidement, on ne sera jamais devant le film de la décennie, néanmoins, on en ressort satisfait. Un plaisir simple sans être simpliste, un rire simple sans être beauf ou gras. Ami-Ami se regarde sans mal, s'apprécie sans dédain.