Massacré par une bonne partie de la critique, « Anna » s'est également avéré un échec commercial, plongeant encore un peu plus dans l'embarras Luc Besson et EuropaCorp. Pourtant, malgré quelques grosses faiblesses, le résultat n'est pas indigne. Indéniablement, le réalisateur offre ici un vrai-faux remake inavoué de « Nikita » sauce slave, n'évitant pas les ratés (l'aspect « mode », souvent sans grand intérêt), voire prêtant franchement à la rigolade et limitant pas mal la portée du film : franchement, cette opposition entre KGB et CIA amenant des situations parfois invraisemblables semble avoir été écrit par un collégien venant tout juste de découvrir le sujet.
Peu crédible, donc, mais toutefois divertissant : on se moque beaucoup de lui, mais Besson, c'est quand même un vrai pro, certes sans virtuosité, mais un mec qui maîtrise la technique (la scène au restaurant : du solide), le montage, le rythme assez soutenu permettant de prendre un certain plaisir à ce film d'action plutôt bien emballé, la belle Sasha Luss faisant le boulot dans le rôle-titre, entouré honnêtement (mais sans éclats) par Cillian Murphy et Luke Evans, sans oublier Helen Mirren dans un savoureux numéro de cabotinage qui semble l'avoir beaucoup amusé.
Enfin, habituellement très linéaire dans sa construction, l'ami Luc s'essaie ici à une narration en flashback, parfois prévisible, parfois efficace, nous perdant un peu mais offrant aussi quelques bonnes surprises, donnant à l'œuvre une dimension légèrement manipulatrice loin d'être désagréable. Bref, si je persiste à penser que Luc Besson est bien plus un réalisateur qu'un scénariste, « Anna » ne fait ni avancer, ni reculer sa cause, mais que personne ne s'y trompe : si cette héroïne venait à être sa dernière, cela serait une grande perte pour le cinéma français, aussi bien derrière la caméra qu'en tant que producteur...