« Il a taillé quasiment tous les films Avengers, il a dit lors du dernier épisode qu’on ne le reprendrait pas, et pourtant, il va voir Ant-Man ! Mais il ne serait pas un peu maso cet homme-grenouille ? » Oui, si vous me lisez régulièrement, c’est certainement ce que vous devez penser, et vous n’auriez pas totalement tort, je vous le concède... D’ailleurs, je ne vous le cache d’ailleurs pas : à la sortie de ce film, c’était toujours ma position : « je n’irai pas voir Ant-Man ! » Et puis on m’a appris qu’au départ, c’était Edgar Wright à qui on avait confié le projet ; qu’il avait su en faire un truc très fun et très libre et que, même s’il s’était fait éjecté par les studios pour des questions de divergences sur l’intégration de ce film dans la saga « Avengers » ; il en restait malgré tout quelque-chose de sympa, qui méritait le coup d’œil. Bon bah moi, du demi-Wright, même si c’est light, je tente. Et bien m’en a pris ! Parce que oui, justement, je trouve qu’il y a dans ce film là un peu l’inverse de ce qu’on retrouve d’habitude dans les « Avengers ». Pas d’effets spéciaux qui dégoulinent de partout avec des plans aux mouvements irréels, le tout dans une profusion de personnages et de termes techniques qui n’ont pas de sens… Au contraire, « Ant-Man » est assez posé et, même s’il a cette esthétique très 2010’s avec une photographie et un lissage numérique qui donnent à l’image un caractère très synthétique (et auquel je n’adhère VRAIMENT pas), il n’empêche que malgré tout, je suis assez surpris de voir ce film renouer avec une logique de bon sens qui me rappelle assez les films de super-héros des années 1980-1990. On prend le temps de poser les personnages, les situations, on ne nous invente du bullshit scientifique que pour nous faire adhérer au concept qu’entend exploiter le film (ici : un héros qui change de taille) et on ne se sent pas obligé de nous foutre des scènes d’actions qui hurlent tous les quarts d’heure afin d’éviter que les bouffeurs de pop-corn se barrent. Je vous l’ai dit : tout l’inverse d’ « Avengers » ! Alors après, ne reste plus au film qu’à poser des enjeux qui tiennent à peu près la route et à nous faire un peu fantasmer avec le concept fantastique développé par le film. Pour le premier aspect, je l’avoue, c’est quand même un peu creux et, pour le coup, je n’ai pas été super client. Au moins le héros beau-gosse est un peu plus décalé que d’habitude (bon, il ne faut pas en attendre trop non plus) et aussi, au rayon des petits plaisirs pas désagréables à découvrir, j’ai notamment été servi sur quelques bonnes surprises au niveau du casting : parmi celles-ci, je note notamment la présence de Michael Douglas ; de Michael Peña et surtout – très bonne idée pour le coup – de Corey « Peter Russo » Stoll dans le rôle du gros vilain. Mais bon, au-delà de ça, je l’avoue, côté scénar, pas trop de quoi grimper au rideau. Il a fallu faire avec les gros poncifs habituels :
le disciple qui renie son mentor ; la relation père/fille conflictuelle ; les difficultés de famille, la méchante firme contre le gentil esprit créatif, etc…
Malgré tout, je le signale quand même, un peu à l’image du héros, il s’exerce parfois un petit décalage qui, à défaut de rendre la chose intéressante, la rend au moins sympathique. Et ça, ça se prend. Mais bon, s’il faut vraiment cherché ce qui m’a plus dans cet « Ant-Man », il faut plutôt se pencher sur la manière dont le film entend exploiter les changements de taille de son personnage. Alors certes, il y a la limite du numérique, mais à la fois dans l’esprit et dans la réalisation des scènes (techniquement bien foutues, notamment d’un point de vue sonore je trouve), il y a clairement des moments où j’ai revécu la jouissance d’un « Chéri j’ai rétréci les gosses » voire même – je ne déconne pas – d’un « Wallace et Gromit ». Il y a un vrai esprit « gamin qui joue à s’imaginer le monde en grand » et franchement, il y a certaines scènes qui sont de véritables éclates à ce niveau là. Je trouve même dommage que ce soit finalement si peu exploité car c’est le gros point fort du film. Et d’ailleurs, en parlant de final, là pour le coup, au lieu de nous servir le traditionnel déluge d’explosion, là ce film part dans un trip conclusif vraiment jubilatoire avec même une scène, assez déjantée, qui n’est malheureusement que bien trop rare dans ce genre de films là. Donc certes, en fin de compte, c’est vrai que ça reste quand même assez calibré cet « Ant-Man » ; de même les ajouts « Avengers » sont clairement chiants, incohérents avec le reste du film et donc superficiels ; mais finalement, il reste bien là-dedans une moitié d’esprit d’Edgar Wright qui vaut le coup d’être vue. Pour le coup on ne m’avait donc pas menti sur la came. Donc rien que pour ça, « Ant-Man », moi je dis oui…