Rodrigo Sorogoyen nous offre sa version des chiens de paille, avec un couple de bobos parisiens perdus au milieu des montagnes galiciennes. Malheureusement le modèle n'arrive pas à la cheville du maître. Cela reste trop mou par moments, même si on ne s'ennuie pas et que la tension dramatique est bien distillée tout au long du film.


Marina Fois et Denis Ménochet campent un couple de la classe moyenne supérieure, venus vivre leur "rêve caprice" dans un village paumé de cul-terreux pour vendre leurs laitues bio et respirer le bon air. C'est sans compter deux frères locaux pugnaces gérant la ferme voisine et leur tenant rigueur de ne pas avoir voulu signer le projet d'éoliennes visant à nettoyer le bled entier de sa vermine sous-éduquée pour générer du profit avec le bon vent de leur montagne.


Nos deux rêveurs français ont beau tenter d'expliquer aux fermiers cognitivement sous-développés qu'ils se font avoir, les deux frères ne l'entendent pas de cette oreille et vont tout faire pour harceler notre joli couple.


Le propos reste assez classique, il vise à montrer la différence entre une frange de la population éduquée qui veut vivre son petit Spanish dream sans voir leur paysage défiguré par des hélices (qu'ils admirent depuis leur coquette fermette) et des gens qui n'ont connu que la pauvreté et qui se voient privés d'une somme, certes maigrelette, mais inespérée pour eux.


Et bien sur le sujet coeur du film reste la violence. Comment naît-elle dans le coeur des hommes ? La classe sociale dans laquelle nous naissons a-t-elle une influence sur cette violence (spoiler alert : oui) ? Les chiens de paille version espagnole donc.


Les acteurs incarnant les deux hermanos arrivent à nous les rendre effrayants et insupportables à la fois, même si la tête pensante Pedro en fait un brin trop dans le côté grande gueule. Notre couple national, quant à lui, s'en sort également très bien. Marina Fois équilibre à la perfection une solidité sous laquelle frémit une grande fragilité.


Seul bémol, et de taille, la performance de Marie Colomb. Quel est ce nouveau style de personne au "parler zoulette" ? Et encore si ce n'était que l'accent "cité" on pourrait passer outre, mais elle n'est même pas foutue de parler français correctement ("vous devrez avoir honte" au lieu de "vous devriez avoir honte"). Cela m'a totalement sorti du film. Je trouve cela tout bonnement insupportable que l'on puisse tolérer une telle médiocrité. Cela laisse dubatitatif quant à l'avenir de la société, intellectuellement parlant.



Créée

le 22 juil. 2022

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