Vu hier soir le très bon "As bestas", film franco-espagnol signé Rodrigo Sorogoyen.
En Galice, un couple de Français, Antoine et Olga (l'imposant Denis Ménochet et la très crédible Marina Foïs) s'est installé dans une petite propriété au cœur d'un village, afin de vivre de leurs cultures et retaper des maisons en ruine qu'ils espèrent un jour louer. Ils ne ménagent pas leurs efforts et on se prend à envier cette vie chiche et douce, immergée en pleine nature.
Las, une affaire de signatures pour un parc éolien met le feu aux poudres entre le couple et les autochtones, des paysans rustres à la carabine facile et au faciès flippant.
Antoine a en effet refusé de signer pour l'installation de ces machines, au grand dam des villageois qui comptaient prendre le chèque qu'on leur destinait dans ce cadre. S'ouvre alors une lutte (à mort) faite de menaces et d'intimidations, qui va culminer à l'avant-dernier chapitre, dans une mystérieuse ellipse.
La tentative de dialogue au bar (la langue est aussi toute une affaire !) est d'une grande finesse, et les échanges entre points de vue, très intéressants politiquement bien qu'irréconcialiables.
La première partie est particulièrement tendue, angoissante, la mise en scène est très réussie, la photographie de qualité et le suspense au rendez-vous de chaque sentier de forêt emprunté. La peur de croiser une "bête humaine" se fraie un chemin à tout instant. La seconde est un peu moins intéressante, même si une séquence mère-fille me restera en mémoire...
Une sombre histoire de règlements de compte et de vengeance servie par une interprétation excellente et un scénario léché font de "As Bestas" une belle réussite, portée par un remarquable duo.