Dans 𝐴𝑠 𝐵𝑒𝑠𝑡𝑎𝑠, Rodrigo Sorogoyen s'attache à créer une atmosphère pesante et oppressante, grâce à un travail d'exception du directeur de la photographie, Alejandro de Pablo, qui capture parfaitement la rudesse et la solitude des paysages ruraux. Ce travail visuel et l'ambiance qu'il installe sont indéniablement réussis. Cependant, le rythme contemplatif et lent du film finit par casser son élan, rendant la progression de l'intrigue laborieuse. Cette lenteur, si elle sert à instaurer une tension latente, alourdit considérablement le récit et nuit à l'engagement du spectateur.
Le duo Denis Ménochet et Luis Zahera fonctionne très bien à l'écran, surtout dans leurs confrontations tendues, où la violence psychologique est palpable. Néanmoins, le personnage de Ménochet, bien qu'impeccablement interprété, reste difficile à apprécier. Antoine, loin d'être un homme cherchant à calmer le jeu, semble incapable de désamorcer les conflits, ce qui peut rendre son parcours difficile à suivre émotionnellement. De son côté, Luis Zahera campe un antagoniste tout aussi instable, avec une folie sous-jacente qui renforce la dynamique explosive entre les deux hommes. Le personnage d'Olga, interprété par Marina Foïs, est sans doute le plus touchant, offrant une prestation juste et nuancée, qui apporte une dimension humaine et empathique au récit.
La seconde partie du film, cependant, souffre d'un ralentissement encore plus marqué, où les enjeux s'amenuisent, laissant place à l'ennui. L'arrivée de Marie, la fille du couple, interprétée par Marie Colomb, n'apporte pas le souffle nécessaire pour raviver l'intérêt, son jeu étant souvent maladroit et ses dialogues sonnant faux. En fin de compte, 𝐴𝑠 𝐵𝑒𝑠𝑡𝑎𝑠 est un film avec des idées intéressantes, porté par des acteurs solides, mais son exécution, plombée par un rythme trop lent et une seconde partie dénuée de véritables enjeux, en fait une expérience pénible.