Dans un quartier en construction où les activités reprennent après avoir été laissées à l'abandon au lendemain du printemps arabe, un corps carbonisé est retrouvé. Deux inspecteurs que tout oppose vont faire équipe sur cette affaire qui va révéler autant de surprises que mettre à mal un lieu dans lequel se reflète le désespoir d'un pays qui malgré sa révolution, se débat avec ses vieux démons et semble incapable d'embrasser pleinement ses aspirations de changements.
Fatma, une jeune femme pugnace et déterminée et Batal, cinquantenaire calme et désireux de ne pas faire trop de vagues en bousculant l'ordre établi, vont se retrouver confrontés à l'incompréhension d'une série d'immolations aussi symboliques que déroutantes.
Le caractère incohérent des faits et les quelques face à face avec les flammes ont véritablement quelque chose d'envoutant que l'on ressent chez les personnages superbement incarnés mais qui suinte aussi au-delà de l'écran pour pousser à son paroxysme le désespoir derrière l'immolation de Mohamed Bouazizi, le 17 décembre 2010, qui s'était répandu comme une traînée de poudre.
Hypnotique, Ashkal, l'enquête de Tunis est un film policier qui nous emmène par ses images et son récit, dans un univers presque parallèle où l'immobilisme social côtoie un surnaturel à peine esquissé qui appelle à la fascination. Un film qui prend de l'ampleur après son générique final et m'a fait voir les flammes sous un autre jour.