Ce n'est pas du tout le film naturaliste un peu languide auquel on pourrait s'attendre, non, Atlantique est au contraire un film expressionniste. D'ailleurs on pourrait réduire les dialogues à quelques cartons :
- On veut être payé.
- Les hommes sont partis en mer.
- Rendez-nous notre argent.
- Les hommes sont revenus.
Tout le reste, c'est l'image qui le raconte.
Il n'y a qu'à voir la façon dont le film multiplie les espaces en les confrontant : le chantier de la grande tour, le rivage depuis lequel on la voit, le quartier coupé en deux par la ligne de chemin de fer, le bar de la plage, l'océan, les petites chambres aux murs percés, la chambre nuptiale d'un blanc aveuglant : on se croirait chez Murnau.
J'ai de légères réserves sur la partie zombie, qui est trop explicite, mais tout le reste est merveilleux, pour moi c'est un grand film, il y a là-dedans plus de cinéma que dans la plupart des films que j'ai vus ces derniers mois. Qui plus est c'est une magnifique histoire d'amour. On dirait, plutôt que du Murnau, un film de Jean Epstein d'aujourd'hui, un Finnis Terrae sénégalais. Les femmes restées sur le rivage portent non seulement le souvenir des hommes dans leur tête, mais aussi dans leur corps.