J'aurais pu aller jusqu'à six, « Au bout des doigts » étant loin d'être désagréable. On a beau avoir du mal à croire à cette histoire, celle-ci n'est pas dénuée d'un certain charme, plongée relativement précise dans le milieu du Conservatoire et de la musique classique, offrant quelques jolis moments et, bien sûr, une bande-originale fortement appréciable pour l'oreille. Jules Benchetrit est plutôt crédible, entouré par deux « ténors » évitant d'en faire trop : Lambert Wilson et Kristin Scott Thomas. On s'identifie assez facilement aux uns et aux autres, le scénario prenant soin de donner un minimum d'épaisseur à chacun.
Mais bon, une fois qu'on a écrit cela ? Certes, le scénario prend quelques chemins de traverse, reste que le constat est le même : que tout ceci est prévisible. Dans le comportement des uns, des autres, dans le déroulement, dans les situations, dans les conflits puis réconciliations... Difficile d'être vraiment surpris qu'on connaît presque intégralement avant même que le générique commence, ce qui est toujours un peu gênant.
En fait, ce qui est presque le plus surprenant, c'est l'océan de gentillesse dans lequel baigne presque constamment le héros : aucun antagoniste ou simplement quelqu'un de plus pragmatique pour essayer d'enrayer l'irrésistible ascension de notre héros. Maintenant, si vous aimez la musique et les spectacles appliqués, faits avec professionnalisme, pourquoi pas : vous verrez le film que vous vous attendiez à voir, et après tout, on est aussi en droit de s'en contenter.