Au travers des oliviers par Nicolas Montagne
Kiarostami est bien connu pour être l'un des cinéastes actuels qui parlent le mieux du cinéma. Pas vraiment de la même manière que Tarantino, ses films n'en sont pas moins puissants. Plus philosophiques, moins masturbatoires, ses oeuvres sont comme des poésies filmées et se rapprocheraient presque de la poésie pasolinienne. Au travers des Oliviers s'accroche à cette acception puisqu'il conte le tournage d'un film dans un petit village iranien.
En fait, en plus de montrer la vie iranienne et la confusion des sentiments ambiante, il montre surtout le déferlement de transformations qu'engendre la présence d'une équipe de cinéma dans un endroit à l'abri des innovations technologiques majeures. C'est un peu comme l'incursion d'une perversion dans un endroit pur, en tout cas comme l'arrivée d'un nouveau niveau de réalité. Le film montre vraiment comment on peut gérer un niveau de réalité différent de celui auquel on est habitué. La question devient alors: quand sommes-nous véritablement naturels?
Sorte de magnifique brouillon au Goût de la Cerise, qui recevra d'ailleurs la Palme d'Or en 1997, ex aecquo avec l'Anguille d'Imamura, Au travers des Oliviers est en tout cas un merveilleux hommage au cinéma en même temps qu'une prise de distance nécessaire par rapport à ce média et aux médias en général