Après l'avoir découvert garçonnet dans "Les quatre cent coups", puis adolescent dans le court métrage "Antoine et Colette", on retrouve Antoine Doinel en jeune homme amoureux (contrarié), qui vient de se faire exclure de l'armée, dans laquelle il s'était curieusement engagé.
Toujours aussi indécis et velléitaire, le héros récurrent de François Truffaut soigne sa déception sentimentale avec des prostituées et se cherche un avenir professionnel.
Tour à tour veilleur de nuit, détective privé puis vendeur de chaussures (dans le cadre d'une de ses "enquêtes"), Doinel expérimente la vie d'adulte et ses difficultés, tout en essayant de voler un baiser à Claude Jade, qui incarne la jeune femme dont il est toujours épris.
Et puis il finit par rencontrer une "apparition", l'incarnation de son idéal féminin, en la personne de Delphine Seyrig, femme (mal) mariée très séduisante, qui ne semble pas insensible au charme juvénile d'Antoine...
Variation moderne du "Lys dans la vallée" de Balzac, "Baisers volés" est un film coloré, optimiste et décalé, à la photo splendide, et servi par des comédiens inspirés.
Truffaut propose une mise en scène moderne et originale, qui diffuse un climat de douce euphorie.
Du coup, le scénario assez simpliste et décousu se trouve transcendé, et on se promène avec grand plaisir dans les rues de ce Paris fantasmé des années 60, sur l'air fameux de Charles Trenet qui parcourt le film.
En revanche, on pourra regretter quelques scènes franchement baroques (devant le miroir, WTF?) où s'agacer à l'occasion du comportement de Doinel, parfois colérique et contradictoire.