BARQUERO fait partie de ces westerns américains qui se voulaient encore plus sanglants que leurs rivaux italiens, genre spaghettis au ketchup. De ce point de vue la mise à sac de la ville lors du braquage est une réussite, si je puis dire, même si DJANGO (de Sergio Corbucci) perdait moins de temps par l’utilisation d’une mitrailleuse. La suite, par la grâce d’un scénario très solide, développe deux oppositions. D’abord celle entre Warren Oates et le tandem Lee Van Cleef – Forrest Tucker (très bon) donnant lieu à des coups tactiques intéressants. Puis celle entre les deux amantes (dont la trop rare Marie Gomez) de Lee van Cleef, peu crédible en séducteur, mais Douglas développe des rôles féminins, généralement réduits à leur plus simple expression comme dans le western italien exception faite de Claudia Cardinale dans IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUEST et à un degré moindre chez Sergio Corbucci (NAVAJO JO, LE GRAND SILENCE). Bien filmé, Douglas étant bon technicien, bien interprété avec des seconds rôles de qualités (ce qui manque aux westerns spaghettis, sauf chez Leone) qui renforcent la solidité de l’ensemble, BARQUERO reste un honnête divertissement. Le western est avant tout une histoire d’hommes confrontés à l’adversité, mais à force de copier le cinéma italien il en prend une partie de ses tares : surenchère de cadavres et psychologie sommaire des personnages, (dont Gian Maria Volonte et Lee van Cleef dans ET POUR QUELQUES DOLLARS DE PLUS présentent le contre exemple), si bien que l’opposition des personnages se réduit à une opposition de flingues. De ce point de vue le western avait complètement changé avec Hawks, Mann et Sturges, Ford ayant longtemps été un réalisateur isolé. THE WILD BUNCH sortit un an plus tôt, amène par le jeu des filiations à RIO CONCHOS. Accablant pour BARQUERO.