Au début du «Batman Le Commencement» de Christopher Nolan, Bruce Wayne, joué par Christian Bale avec une barbe, est en prison. C’est une prison de Chine où on mange de la soupe à l’eau. Comme il n’est pas chinois, il se fait attaquer par plein d’asiatiques mais, fort heureusement, comme il n’est pas chinois, il leur casse la gueule. Là-bas, se défendre quand on cherche à te casser la gueule, ça ne se fait pas, du coup, on te fout au trou.
Au trou, il y a Oscar Schindler en costume qui l’attend. Il arbore un petit bouc qui va bien mais nous ne sommes pas dupes, c’est bien d’Oscar Schindler dont il s’agit et ce, même s’il prétend s’appeler Deckard.
Schindler lui propose, plutôt que de continuer à bouffer de la soupe à l’eau, de venir grossir la troupe de Ra’s-Al-Ghul, un mec de l’ombre qui monte une sorte de milice internationale, parce que là, ça commence à bien faire, son délire de petit milliardaire qui fait sa crise parce que c’est une bonne femme qui a tué le meurtrier de ses parents sous son nez. Ça passe un temps mais, à un moment, faut savoir porter ses burnes et faire autre chose de sa vie que de taper sur des bridés.
Schindler lui dit : «Demain, tu sors. Si tu trouves la fleur bleue sur la montagne, tu pourras nous rejoindre. Avec les copains, on a un petit pied à terre qui paie pas de mine, avec vue sur la vallée, tu verras. L’hiver quand ça caille, on fait des jeux, de la lutte, des batailles de boule de neige quand y’en a, tout ça, on s’emmerde pas».
Bruce se dit que c’est tentant mais que ça sent aussi le coup fourré, cette histoire. Il a comme un pressentiment et il n’a pas signé pour ce genre de plan foireux avec prise de la pastille assurée. Donc, pour pas vexer l’Allemand, il dit qu’il va y réfléchir en sachant pertinemment que c’est tout réfléchi.
Au petit matin, il est à deux doigts de refuser mais on le libère.
"Le nazi avait raison, didon, me voilà libre comme l’herbe! C’est un signe, j’ai envie de lui faire confiance. Je vais la trouver, sa fleur, aller à sa soirée et si ça me plaît pas, je dirai que je peux pas rester, que j’ai la colique"
A ce moment-là, au loin, il voit une montagne. Il plisse un peu les yeux pour voir encore plus loin et distingue une petite fleur bleue, pétales au vent, inconsciente du sort funeste qui l’attend, naïve sur le flanc de cette montagne où, petite folle indolente, elle pensait passer le reste de sa vie de fleur dans la paix que lui promettait ce petit coin sauvage pas dégueulasse.
Bruce se dit que c'est encore un signe et qu’il aimerait bien serrer la pince du Grand Manitou, celui qui tire les ficelles, parce que, vraiment, sa vie, elle est belle.
«A vue de nez, c’est à trois jours de marche. Peut-être quatre. Allez, un peu de courage. Au pire, je risque de me faire de nouveaux amis, en plus de quelques cloches.»
Boosté de fou par ces concours de circonstances, il entame l'escalade.
Il y a du vent, de la neige, des autochtones à qui il ne pipe mot vu qu’il ne parle pas la langue. C’est vachement dur mais il ne faiblit pas.
Arrivé au sommet ou presque, il tombe sur une bâtisse qui veut dire quelque chose. Genre chalet savoyard, mais clinquant. Un chalet savoyard de Qatari, je crois. Bruce est un peu impressionné, il se dit qu’il ferait peut-être mieux de rebrousser chemin surtout que niveau sapes, avec son bonnet à la con et sa liquette en poil de fion, il est hors-sujet. (Et il n’a pas changé de slip depuis 3 jours…)
Avant de redescendre il se dit qu’il va quand même demander un bout de pain parce que la dalle le tiraille. Il est sûr qu’avec une baraque pareille, ils ne vont pas avoir la bassesse de faire les rats pour un croûton, les enturbannés.
La porte s’ouvre instantanément. Ils ne rigolent pas, les mecs. A la pointe de la technologie tout en préservant cette «couleur locale» qui frise le néo-réalisme. La pièce est éclairée par des bougies, ça fait une ambiance assez chouette.
Soudain, il voit un chinois chauve assis dans une grande chaise en bois.
"Bonjour", murmure-t-il, mais le mec répond pas.
Bruce insiste en ajoutant un petit signe de la main. "Bonjour!" mais le mec se contente de le fixer comme s’il avait pété. Bruce se dit que ça sent le traquenard. D’un coup, plein de mecs qui froncent les sourcils se pointent et le regardent avec insistance.
"Salut les gars, c’est pas moi qu’a pété, c’est le chinois".
Il se dit qu’il aurait mieux fait de boulotter un caillou parce que, là, ça sent comme quand ça pue. C’est à ce moment très précis qu’il reconnait Schindler. Bruce est content mais l'Oscar s’approche et loin de lui claquer la bise, lui casse savamment la gueule en guise de bienvenue : "C’est quoi ce mec ? Il arrive chez les gens les mains vides, pas même une boutanche, et il voudrait qu’on lui lâche un morceau de pain ?"
Le pauvre Bruce Wayne en prend plein la tronche parce que l’Allemand est plus coriace que le chinois.
Il laisse échapper, en voulant protéger son visage, la petite fleur bleue qu’il tenait avec précaution dans la paume de la main.
Schindler se ravise. "Mais t’es con? C’est quoi, ça? T’avais une fleur et tu dis rien ! Halalala, laissez, les gars, il est con, il avait la fleur et il l’avait pas dit".
Ensuite, ils s’entraînent à fond, comme des djihadistes. Ils font du sabre sur un lac gelé, du karaté, ils fabriquent de petites bombes fumigènes en partageant des regards complices. Ils discutent aussi, un peu de tout, beaucoup de rien.
Le Ra’s-Al-Ghul, lui, jacte qu’en patois de son coin. Du coup, il n’a pas l’air très sympathique et personne ne lui parle trop, vu qu’on a l’impression que le mec se contente de se la péter.
Alors Bruce passe le plus clair de son temps avec Oscar qui devient, pour ainsi dire, son papa de substitution. Faut dire qu’il les collectionne, les papas de rechange depuis que le sien est décédé sous ses yeux, dans une ruelle lugubre des bas-fonds de Gotham alors qu’il n’était encore qu’un enfant craintif.
A un moment donné, Schindler lui dit : «T’as bientôt fini ton stage, Bruce. Pour fêter ça, on va s’en griller un, non ?» Bruce, un brin interloqué, lui répond : « Un ? Chinois ?».
Alors Oscar écrase la fleur bleue au mortier pour en faire une poudre qu’il s’empresse de faire fumer au jeune apprenti.
Bruce est soulagé, sauf qu’il avait raison en parlant de chinois, on lui ramène un pauvre type, de type asiatique, qu’il doit tuer. Comme ça, sans préambule, en signe d’allégeance à la Ligue de l’Ombre. Bruce refuse. Tuer des chinois, c’est le passé.
Ensuite, il se bat contre tout le monde. Les mecs l’attaquent pour lui foutre une rouste parce que le respect, c’est la base, les fondations. Ce petit con devrait pas jouer avec ça s’il ne veut pas que tout s’écroule. Donc ça tatane à tout va.
C’est alors qu’un incendie d’envergure se déclare, créant une sorte d’apocalypse à l’échelle du chalet. Tout le monde meurt sauf Schindler et Bruce qui, pour ainsi dire, le sauve. A un moment, ils font du body-luge et Bruce se dit qu’il serait peut-être temps qu’il rentre au manoir, il en a assez des colonies de vacances.
Avant de partir, Bruce vend le corps endormi de Schindler au seul restaurant kebab du coin, les proprios avaient l’air intéressés par la personne qui avait pas mal de viande sur lui, du coup, c’était du gagnant-gagnant.
Après, il appelle Alfred pour qu’il vienne le chercher pour le ramener à sa maison.
Alfred, c'est son majordome, joué par un type qui ressemble à Michael Caine mais en tout vieux, un mec un peu louche comme père de rechange. Un truc pas sain dans le regard, des yeux qui ne s’ouvrent pas pareils, comme s’il pouvait regarder différents endroits en même temps. Un peu comme un caméléon mais en être humain. Il est prévenant et l’appelle tout le temps "Maître Bruce", bref, voilà quoi, c'était limite.
Alfred ne dit trop rien mais il en a gros. Le mioche disparu, il en avait croqué des soirées dégoulinantes avec de la meuf à tous les étages, du buffet où ça ripaille outrageusement alors que plus bas, dans les rues, les gens crèvent la dalle. Il lui dit : «Content de vous voir Maître Bruce, mais, vous schlinguez votre race!» Bruce n’en prend pas ombrage, c’est pas un type avec un œil au milieu de la joue qui va le faire rougir.
Arrivé en civilisation, où ça fleure bon le goudron et la décadence, Bruce apprend qu’on l’a déclaré mort. C’est un Replicant qui préside désormais Wayne Industries. Un putain de robot néerlandais en plus, du bas de gamme, assis dans le fauteuil qui lui revient de droit.
Du coup, il décide de se mettre à la spéléologie vu qu’il possède sous son manoir de la grotte de chez grotte et que c’est dommage de la laisser pourrir là, sans l’utiliser. Alfred lui dit que « ça ne pourrit pas une grotte Maître Bruce, vous savez ? » mais il n’en a que faire. C’est pas un putain de majordome avec un œil dans la nuque qui va lui apprendre ce qui pourrit ou pas. » Non mais oh!
A un moment, il rencontre Rachel, jouée par Katie Holmes. Elle est belle, Rachel, et lui, il avait carrément réussi à l’oublier. C’est à ce moment qu’il se questionne sérieusement sur son hétérosexualité. Rachel travaille au bureau du procureur, Bruce n’a pas trop compris pourquoi «travailler» vu que contrairement à ce qu’elle dit, les sous, ça se gagne pas comme ça mais en piquant des liasses dans le larfeuille d’Alfred. Elle lui dit que c’est pas bien de rien faire de sa life, qu’il devrait ouvrir les yeux, la vie c’est pas juste rien branler alors que le monde brûle. Elle lui demande s’il connaît l’épouvantail par exemple. Il répond « Avec Al Pacino ? ». Elle dit que "non, tu vois, tu t’intéresses à rien. L’épouvantail c’est un super- vilain, il est tout méchant et il a créé une drogue qui rend fou juste en la respirant". Bruce dit non, il ne l’a pas vu ce film-là.
Comme il n’a pas de travail et qu’il s’ennuie presque au point de regretter la saveur incomparable de la soupe à l’eau et la promiscuité des geôles chinoises, Bruce traîne sa mélancolie de son penthouse à la tour Wayne en plein centre de Gotham. En se baladant dans les sous-sols de ce qui reste sa tour malgré l’hégémonie des Pays-Bas, il rencontre Lucius Fox, joué par Morgan Freeman. Bruce se dit que «Tiens, c’est marrant, ce type joue toujours le même rôle» C’est un inventeur qui fait des engins de guerre, du tissu à mémoire de forme, du beurre demi-sel mou donc tartinable à toute heure, bref, plein de trucs essentiels pour l’avenir de l’humanité. Ça lui donne une idée.
Grâce aux cours de couture qu’il a suivis dans sa jeunesse sur l’insistance d’Alfred et en chouravant quelques inventions à Fox qui, en définitive, lui appartiennent, Bruce se confectionne un très chouette costume de mouette. Alfred, avec qui il entretient le secret, lui dit que ce n’est pas une mouette, ça ressemble à une chauve-souris. Bruce qui pensait avoir en Alfred un allié est super déçu mais il ne moufte pas. Il en a vu d’autres. Et il ne peut pas se battre avec tous les gens qui n’ont aucune culture, la mouette noire étant une espèce fort répandue sur toutes les côtes de la planète. Mais va expliquer ça à un connard qui se gratte l’œil en même temps que son nombril.
Bruce va voir un psychiatre, le plus réputé du coin, le Docteur Crane. Car, mine de rien, ça commence à faire beaucoup de baffes dans sa petite gueule et il sent qu’il a besoin de se confier à un professionnel. Le Docteur est vachement sympa alors il décide de retourner le voir en Mouette-man, et ce soir-là, ça dégénère. Crane se met un sac à patates sur la tronche et lui parle avec une voix toute chelou tout en vaporisant son poison qui rend fou à la tronche du pauvre Bruce. Quel con, ce Crane, Bruce il est déjà fou alors ça s’annule.
Alors, il lui fout le feu comme à une mouette mazoutée dans l’espoir de la voir illuminer le ciel dans son envol anarchique. Comme ça, par plaisir, ce n’est pas un super-vilain pour rigoler, il est malsain de nature, c’est un psychiatre.
Comme c’est son anniversaire, Bruce organise une fête dans son manoir. Il invite tout le gratin et ... purée, Schindler, dans son salon, alors qu’il le pensait tournant comme une toupie dans ce bouis-bouis qui sentait le Kurdistan où il l’avait abandonné! Le type dit qu’il est Ra’s Al Ghul à qui veut l'entendre.
«Alors comme ça, t’es chinois» lui dit Bruce en cherchant à planter son regard dans le sien. R’as lui répond que «Pas du tout, qu’il est berbère». Bruce rigole en disant que c’est faux, que ça n’existe même pas. Schindler lui dit que «bien sûr que si», Bruce que «Bien sûr que non».
Ça énerve tellement Ra’s Schindler qu’il dit que «Si c’est comme ça, je vais tout péter, comme quand t’as tout pété, chez moi à la montagne. Et après, j’irai faire péter ta ville à la con». C’est là que Bruce Wayne se dit que ça pourrait bien être lui la tête pensante. Et Oscar fait cramer le manoir en granit de la famille Wayne.
Comme il lui reste des tickets d’une fois où il était venu faire un peu de tourisme en occident, Schindler prend le métro et fonce en direction de la Tour Wayne, en plein centre-ville, pour tout péter. Parce qu’il n’a qu’une parole.
Là, Bruce se pointe en costume et l’apostrophe en Kabyle. Schindler est interloqué et lui dit «Te fatigue pas, je comprends que dalle au javanais!».
Ha ha ! Le félon est démasqué !
"Je viens de te dire que tu n’étais qu’une petite merde en kabyle et t’as rien compris. Tu es un usurpateur!"
Là, Schindler comprend qu’il y a quiproquo.
«J’ai dit barbare, pas berbère. Il y a quiproquo».
Bruce en a ras la membrane qu’on se foute de sa gueule à inventer des mots qui n’existent pas, alors, il tue Oscar.
A la fin, Batman parle avec Gordon sur le toit du commissariat.
Gordon, c'est son deuxième papa, un policier à moustaches, joué par le Comte Dracula. Il était sympa mais Bruce ne lui faisait pas confiance. C’était le genre à se transformer en chauve-souris, comme ça, pour rigoler.
On pense que le flic va le disputer parce qu’il a cassé le métro mais non, il lui donne une carte à jouer en lui disant que c’est toujours la merde, qu’il y a un nouveau méchant encore plus méchant que les méchants de ce film et que son nom est sur la carte. Batman dit qu’il pense que ce n’est pas possible car le principal méchant de ce film, c’était quand même un nazi chinois qui se faisait passer pour un kabyle.
Alors Gordon lui dit de lire ce qu’il y a sur la carte.
Batman lui répond que «Oui oui, il a lu et que franchement, il ne voyait pas comment un Jockey pouvait rivaliser avec les bad guys de ce film".
Sauf peut-être sur un canasson.