Visiblement, le réalisateur de Black dog, Guān Hū, est un esthète qui mêle habilement les influences (très majoritairement occidentales) dans son dernier film : décors post apocalyptiques à la Mad max, ambiances de far-west a l’heure de l’arrivée de la civilisation (les jeux de Pékin remplaçant le chemin de fer), héros mutiques à la Clint Eastwood ou Takeshi Kitano, références musicales anglaises des années 70, clins d’œil Felliniens (autour du cirque) etc.. L’ensemble forme un patchwork manquant d’homogénéité mais souvent bien filmé. Cette appréhension du cinéma, passionnée mais distante (esthète on l’a dit) évoque certains films de Jim Jarmush. Ghostdog par exemple, histoire d’un samouraï noir, mutique lui aussi, et vivant des aventures assez semblables à celles de notre ami Lang. Dans les deux films, tous les niveaux de compréhension sont simultanément sollicités : premier degré du film d’action d’abord, mais ne reniant pas des dimensions périphériques, comiques, poétiques voir même spirituelles. Le résultat est séduisant mais s’inscrit dans les limites du genre : à tout tenter on démontre qu’on ne tient vraiment à rien en particulier.
Le plus précieux finalement qu’on retiendra de Black dog, c’est cette impression sous-jacente de tendresse, un peu trop appuyée sur la fin à mon goût, mais qui là, pour le coup, semble authentiquement venir du réalisateur.