Ce qui est marquant dans la grosse majorité des films réalisés par Sammo Hung, c’est que l’on entre immédiatement dans l’action. Une énergie survitaminée infuse ce que l’on peut considérer comme une forme d’absolutisme dans le domaine du cinéma affilié aux arts-martiaux.
Blade of Fury est un mixe entre wu xia-pian, film de chevalerie chinois souvent inspiré des œuvres d’auteur comme Jingyong, Gulong ou Liang Yusheng, et film d’arts-martiaux aux poings, que l’on rangera dans la catégorie des kung-fu comedy, mouvement initié à l’époque des studios dont la plus célèbre demeure la Shaw Brothers, par l’intermédiaire des œuvres de Liu Chia-Liang, et reconnu par la suite grâce aux œuvres de réalisateurs comme Yuen Wo-Ping avec Jackie Chan entre autres et celles du « fat-si » le plus célèbre de l’ex-colonie, le « gros » du trio de l’école des petites fortunes, Sammo Hung Kam-Po.
Au script on retrouve Szeto Cheuk-Hon, connu pour avoir co-écrit des films comme We’re Going to Eat You de Tsui Hark, Shanghai Blues également de ce dernier ou encore Mr. Vampire de Ricky Lau, pour les œuvres les plus connues, ainsi qu’un certain Charcoal Tan, ayant travaillé sur des productions du génie à la barbichette comme Dragon Inn ou The East is Red, 3ème volet de la saga Swordsman.
Au casting, on retrouve l’une des vieilles gloires de la Shaw Brothers, Ti Lung, acteur et artiste martial émérite, qui fut avec David Chiang, l’un des poulains de l’écurie Chang Cheh et l’un des sabreurs caractéristiques des films de chevalerie de Chor Yuen. Un acteur charismatique avec un petit côté fataliste qui inspirera toute une génération d’acteurs de la nouvelle vague hongkongaise initiée par Tsui Hark, Ann Hui ou encore Patrick Tam, Ronny Yu. Mais également le moins connu Yang Fan, artiste martial à la carrière courte, et les actrices Cynthia Khan ou Rosamund Kwan, deux égéries féminines du cinéma hongkongais de la grande époque.
Blade of Fury fait partie du revival du wu xia pian qui déferla sur les toiles au début des années 90. Souvent affilié à un formalisme qui faisait sortir le cinéma traditionnel mandarin des carcans visuels traditionnels des films de la Shaw Brothers : décors un peu cheap ou figures de style récurrentes notamment. Dès les premières images ont rentre dans le vif du sujet avec des joutes dont une sorte d’énergie frénétique fait ressortir l’évidence d’en mettre plein la gueule en un minimum de temps. Le côté extravagant qui fait exploser les lois de la gravité, avec ces épéistes qui se mettent à faire des bonds de 10 mètres, la technique de déplacements en saute-mouton qui prête à sourire, des coups d’épées qui font mouche et beaucoup de dégâts, un côté Grand-Guignol, on ne compte pas les démembrements par frappes tranchantes interposées provoquant des geysers d’hémoglobine.
En termes d’écriture, ça a clairement ses limites, comme souvent on a un quidam plein de bonnes intentions qui arrive dans un lieu où il tente d’exposer ses points de vue humaniste, et il se retrouve rapidement confronté à divers complots ourdis par des gens mal intentionnés. Le film durant près d’1 heure 45, et connaissant le style du cinéaste, on se doute que les longues digressions sur le poids de la justice, ne seront pas l’apanage du film. On a affaire à un mélange de scènes de bastons au grand dynamisme et souvent violentes, d’humour souvent gras et pas obligatoirement super subtile, mais aussi d’une certaine forme de masochisme qui ressort souvent du bonhomme quand il se met en scène, sa manière de se maltraiter mettant en avant un certain côté torturé ressortant souvent de par cette récurrence dans son cinéma Néanmoins, le personnage interprété par Ti Lung demeure intéressant et parvient à être émouvant.
C’était à Hong Kong, des cinéastes comme Tsui Hark, John Woo, Sammo ou Jackie Chan labellisaient l’action à la hongkongaise comme une évidence incontournable pour qui s’intéresse au cinéma d’action. Et ça ne prend pas une ride au fil du temps.