𝐵𝑙𝑜𝑛𝑑𝑒 est indéniablement un film visuellement splendide. Andrew Dominik et son directeur de la photographie, Chayse Irivn, offrent des plans magnifiques, avec un noir et blanc élégant qui s’entrelace parfaitement avec les transitions en couleur, le tout réalisé avec une grande fluidité. Les scènes de couloir en noir et blanc sont particulièrement réussies, et les changements entre ces différentes palettes apportent une touche créative indéniable à l'esthétique du film. Sur ce plan, 𝐵𝑙𝑜𝑛𝑑𝑒 séduit par sa beauté formelle et son ambition visuelle.
Ana de Armas brille dans son rôle, transcendant véritablement Marilyn Monroe. Elle offre une performance nuancée, captivante, et bouleversante, qui humanise le personnage. Chaque geste, chaque regard témoigne d’une maîtrise impressionnante, et l’actrice parvient à capturer l’essence de la star, allant au-delà des clichés habituels. Malheureusement, cette excellence ne s’étend pas à l’ensemble du casting : Caspar Phillipson, dans le rôle de JFK, sonne faux à chaque instant, et détonne par rapport au reste du film, où les autres interprètes livrent des performances solides.
Cependant, bien que 𝐵𝑙𝑜𝑛𝑑𝑒 soit indéniablement beau, le film souffre de son étirement disproportionné. Près de trois heures à l’écran, et l’on ressent que cette histoire n’a pas assez de substance pour justifier une telle durée. Certaines scènes sont inutilement prolongées, et d'autres, comme celles de l'avortement forcé ou de la fellation, semblent avoir été ajoutées uniquement pour leur valeur provocatrice, sans réelle utilité narrative. Cela ne fait qu’allonger un récit qui finit par se perdre dans sa propre lenteur.
Au fur et à mesure que le film avance, on se surprend à se demander ce qu'il essaie vraiment de raconter. Malheureusement, la réponse semble être : pas grand-chose. Le film se concentre sur la douleur et le malheur de Marilyn, mais échoue à susciter de l'empathie pour elle, ou à proposer une véritable critique sociale ou culturelle. 𝐵𝑙𝑜𝑛𝑑𝑒 est trop froid, trop distant, pour que l'on puisse vraiment s’attacher à son personnage ou à son histoire. En définitive, c’est un film qui, malgré ses qualités visuelles et la performance exceptionnelle de de Armas, laisse un goût amer d’inachevé.