On nous l'annonçait comme LE grand retour de Woody Allen et sa plus belle réussite depuis « Vicky Cristina Barcelona » : autant vous dire tout de suite que c'est faux. Alors je ne dis pas : c'est magnifiquement éclairé, Allen reste un auteur parfois étonnant et celui-ci sait s'y prendre pour dessiner des personnages peu conventionnels. Mais quand même : l'auteur de « Manhattan » et « Annie Hall » qui en vient à pleurer sur le sort des pauvres riches ! Franchement, voir le génial esprit new-yorkais se compromettre là-dedans m'a juste fait halluciner, son héroïne étant probablement le personnage le plus désagréable et le plus irritant que j'ai eu l'occasion de voir ces dernières années. Egocentrique, hautaine, cassante : moi, moi, moi, moi...
Je ne sais pas vous, mais perso je ne vais pas au cinéma pour me taper pareils engins, les états d'âmes des multimillionnaires ne me faisant ni chaud ni froid. Ah mais c'est justement parce que celle-ci se retrouve dans le monde réel, auprès des « vrais » gens que le film est passionnant! Mais dans ce cas, il faudrait une vraie prise de conscience, une vraie évolution qui puisse illustrer ce changement : et bien pas du tout! Alors c'est vrai : cela a au moins le mérite de ne pas être consensuel, nous offrant ainsi le portrait d'une vraie grosse sal... pardon, garce ne pensant qu'à elle et retrouver une situation digne de ce nom, avec les quelques millions de dollars qui vont avec, cela va sans dire. C'est d'autant plus regrettable qu'il y avait vraiment quelque chose à faire avec ces sympathiques seconds rôles, à commencer par Sally Hawkins, très en verve.
Cela écrit, ce qui aurait pu devenir un spectacle vite insupportable ne l'est pas par le talent d'une seule et unique personne : Cate Blanchett. Cette actrice, en plus d'être absolument sublime, a une élégance, une grâce absolument unique permettant, ne serait-ce que quelques secondes parfois, d'entrevoir une lueur d'humanité chez cette héroïne qu'elle nous évite ainsi de haïr totalement. Rien que pour son interprétation, le film mérite d'être vu. Mais c'est malheureusement aussi presque l'unique raison, tant ce dernier Woody Allen ne m'a par ailleurs ni convaincu, ni séduit, et ce pour la deuxième fois consécutive après « To Rome with Love »...