« Bye Bye Blondie » : Béatrice, les Bérus et une bonne Baffe dans vos gueules

C’était le 27 mars 2012, le jour où j’ai mis un pied dans la salle de cinéma où il projetait « Bye Bye Blondie », comme beaucoup, le nouveau Virginie Despentes, je l’attendais avec une sacrosainte patience. La salle était vide et j’en avais lu des articles infectes et franchement insultants sur le film : dans le Nouvel Obs particulièrement pour ne pas les citer.

« Bye Bye Blondie » est un vénusien, un film qui frappe là où ça fait mal avec les mots qu’il faut, c’est-à-dire ceux qu’il ne faudrait foncièrement pas et qui se savoure abruptement. Soyons honnêtes : seule Virginie Despentes pouvait oser un film comme celui-ci en 2012 et on ne peut que lui être reconnaissant de nous avoir fait un cadeau de cette envergure. A tout ceux qui, comme moi, sont nostalgiques des années punk où les linéaments de la notion de « révolution » prenaient tout leur sens, ressortez vos vinyles des Béruriers Noirs, vos cuirs et vos mohawks parce qu’autant la bande sonore que le cœur battant de ce long-métrage vont vous heurter.

Emmanuelle Béart et Béatrice Dalle

J’aurais aimé pouvoir dire que « Bye Bye Blondie » n’est pas un film de femmes et pourtant, le scénario est concentré d’une manière intense sur ses deux personnages principaux : Frances (Emmanuelle Béart à l’âge adulte et Clara Ponsot à l’adolescence) et Gloria (Béatrice Dalle à l’âge adulte et SoKo à l’adolescence) . Deux personnages attachants par leur violence, leurs convictions, leur volonté de vivre une vie différente, de trouver des repères excentrés où la société n’entre pas en compte, où l’amour règne en maître et où les conventions n’existent tout simplement plus. Un message utopique qui me parle comme les vers d’une poésie la plus cruelle mais douce soit-elle. La performance de SoKo est à souligner tout particulièrement dans le personnage de Gloria adolescente avec toute la rage et la violence que son caractère et ses choix lui infligent. Il en va de même, bien sûr pour Béatrice Dalle qui trouve une fois de plus, ici, un rôle qui lui colle à la peau, dans lequel tout son talent et tout son charme sont mis en exergue de la meilleure manière qu’il puisse être. Et même si parfois le couple Béart/Dalle tangue et donne le mal de mer, par manque de cohérence ou malaise de comédie, il ne reste pas moins touchant et tranchant. Un couple lesbien que l’on a jamais le plaisir de voir sur des écrans de cinéma : un couple qui lève le poing, s’insurge et finit par dire merde avec virulence.
Du féminisme, de la rage, de l’antisocialisme, du lesbianisme, de la destruction et beaucoup d’amour : là où les personnes qui vivent ailleurs saluent les sociétaires avec un doigts d’honneur.
Le scénario, adapté du roman éponyme de Virginie Despentes sorti en 2004 chez Grasset connaît son lot de modifications, assez intrigantes à relever, la principale étant bien sûr que le personnage d’Eric est remplacé par le personnage de Frances, en conservant toutes les subtilités du rôle au féminin. Un parti pris assez fascinant, spécifiquement dans la tradition du cinéma français, qui comportait son lot de risques vis-à-vis de la critique, que je choisis personnellement d’encenser tant cette histoire d’amour au féminin, bercée par le punk, la rébellion et le rêve, m’a transportée à travers le temps, l’Art et la vie, en général.

La relation entre Frances et Gloria reste pour moi une histoire d’amour qui se finit par une notion essentielle, une phrase capitale, un sentiment qui reste la base de l’amour véritable : « Je n’ai pas peur de ce que tu es ». Et, avec ces mots tout est dit : « Bye Bye Blondie » s’est écrit et inscrit.

Clara Ponsot et SoKo

Je n’irai pas jusqu’à dire que « Bye Bye Blondie » donne une leçon de vie nécessaire, je me contenterai simplement de dire qu’il donne une baffe dans la gueule de tous ceux qui en ont bien besoin. Lire ou relire Despentes n’a jamais été aussi plaisant qu’après cette leçon de cinéma contemporain, où la manière de filmer entre vidéographique expérimentale et technique classique contemporaine, parvient à créer un ovni au cœur battant, une opération artistique à cœur ouvert dont l’issue pourrait être fatale. La portée du film n’est pas à réserver au grand public, je pense que c’est une conclusion nécessaire à souligner et la réception n’en est que plus mitigée à travers les médias. Incompréhension ? Jalousie ? Bêtise ? Frustration ? Toujours est-il que dresser un portrait aussi cru et fidèle de la période punk et faire d’une furie Rmiste effrontée un personnage démiurge me fait personnellement jubiler et donne, heureusement, confiance en l’avenir d’un cinéma extra-conventionnel.



A Virginie Despentes, et à toute l’équipe de « Bye Bye Blondie », libératrices :

“On est venus, on a dit ce qu’on avait à dire, on s’est cassés, moi, ça me plaît bien.”
- Joe Strummer (1983)
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le 30 juil. 2012

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le 30 juil. 2012

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Sally McAlister

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