C'est un des genres de l'année 2023 il faut croire : le film de tournage. Et franchement, celui-là s'en sort pas trop mal.
Le problème inerrant au film c'est que son concept, ses idées, s'essoufflent très vite. On sait déjà où tout cela va mener, et la première heure est vraiment laborieuse là-dessus. Il faut exposer les personnages, chaque caricature (parce que c'est ce qu'ils sont), chaque enjeux, et évidemment tout est déjà couru d'avance. On a donc l'impression de voir quelqu'un nous expliquer pendant 1h qui sont ses personnages, alors qu'il nous a déjà raconté l'histoire hier.
Et c'est pour ça que la deuxième heure m'a sûrement plus touché (même si je ne pense pas que ça soit à mettre au crédit du film), parce qu'une fois qu'on a accepté le fait que ces personnages resteront ce qu'ils sont, n'évolueront pas, mais surtout resteront superficielles, on se prend presque au jeu. On voit les situations arrivées, et on est presque dans l'attente de se dire "ah mais comment ce personnage va vivre ça", comme si on était plus proche d'un jeu qui consisterait à placer un archétype dans une scène et voir sa réaction.
Je dois bien avouer que certains scènes restent en tête, notamment le moment où l'actrice principale se sent trop malade pour travailler et que la fanatique la remplace, sous les yeux du grand patron de la boite. On fait durer la scène ce qu'il faut pour voir, revoir ces instants, cette gêne, pour rire, jusqu'à sa conclusion, qui fait revenir l'actrice principale, qui pour les beaux yeux du président ira jusqu'à s'arracher une partie de sa robe (pour la beauté de l'impro n'est-ce pas ?), faisant définitivement tomber le tout dans un joyeux délire que l'on accepte pleinement.
Pour un film sur un tournage, tout reste également bien en surface. On a quelques erreurs, mais la valeur ajouté du film (la censure coréenne des années 70) n'est que trop peu utilisé et traité, et tombe, comme quasiment tout le reste, comme un simple gag, qui n'est en soit pas dérangeant mais seulement dommage (on peut très bien traiter un sujet de manière concrète tout en en faisant un sujet de comédie, suffit de voir Shoah de Claude Lanzman).
Et c'est là la grande faille du film : c'est un concept génial mais qui n'a malheureusement pas abouti. Il n'est jamais devenu ce qu'il aurait pu être. Parce qu'un réalisateur médiocre et dément (c'est ce qu'il faut être pour penser que rajouter 2 jours de tournage à un film peut le transformer en chef-d'œuvre) qui veut absolument réaliser le film dont il rêve (littéralement hein), et qui entraine, contré le gré de certains, toute l'équipe du film à relancer le tournage en se cachant du gouvernement et de la possible censure qu'il pourrait instaurer. Là tu racontes quelque chose, là tu peux brasser de multiples sujets, que ce soit une comédie ou complètement autre chose. Mais il y a le papier, et il y a l'exécution.
On en ressort avec un film trop vide et superficiel (je n'aime pas dire "trop long", ce n'est pas la longueur le problème c'est ce qu'elle contient), contenant quelques moments de bravoure (le passage de France Gall est surprenant mais loin d'être déplaisant), et qui même dans l'ensemble n'est vraiment pas déplaisant, juste vain, et qui s'étire en longueur pour vouloir rajouter une dose de méta, franchement peu nécessaire.