Il me semble y avoir quelque chose d'extrêmement satisfaisant dans la contemplation d'une histoire irradiant d'émotions où chaque rayon d'un soleil ardent pénètre le cœur des âmes du monde terrestre. De surcroît lorsque neige et pluies verglaçantes se mêlent à l'ambiance, que l'œuvre s'invite alors comme le souvenir d'un été suave, un été que des corps ont su changer en un espace voluptueux, on ne peut que se sentir happé, l'esprit serein...amoureux à en mourir.


C'est quelque part au nord de l'Italie, au milieu des lacs et d'une luxuriante végétation que notre histoire se déroule. La famille D'Elio recevant un brillant universitaire pour six semaines seulement, cet été caniculaire deviendra le théâtre des passions, unissant notre jeune éphèbe de dix-sept ans au flamboyant Oliver. Au cours de cet espace-temps relativement restreint chacun va par là se laisser enivrer comme tenter par quelque chose d'impalpable, de beau, que bien peu réussissent un jour à trouver, que toujours nous avons tous recherché.


Dire de Call me by your name qu'il s'agit d'une simple aventure romantique, d'une simple parenthèse dans la vie de personnes cherchant à s'accaparer un morceau de bonheur ultime dans le flot ininterrompu des émotions serait sous-évaluer sa réelle puissance. Car ce n'est pas simplement cela. Ce n'est guère comme le même ressenti d'une de ces innombrables œuvres ayant un jour cherché à illustrer l'amour dans toute sa splendeur. Il y a plus à trouver dans ce film.


Être convaincu par des péripéties, prendre pour soi les sentiments des autres et se plaire à croire qu'ils ont été écrits pour nous, rien n'est plus difficile que cela. Ceux qui ont un jour eu l'ambition de coucher sur le papier leur âme le savent parfaitement. Ici, on ne va même plus se poser la question de savoir ce qui nous touche, ce qui nous fait croire à cette idylle plus qu'à une autre, on sait. On sait car nous avons tous fait l'expérience du laisser-aller dans la passion corporelle et de ce tiraillement vibrant à l'unisson d'un partenaire, lui donnant les armes pour nous faire souffrir. Aimer ne saurait être qu'offrir à autrui la capacité de nous détruire, l'espoir et la confiance que cela n'arrivera pas en plus. Et pourtant nous souffrons par lui, constamment. Dans ce film, plus rien d'autre n'a vraiment d'intérêt que cela.


Nous pourrions dire que l'ambiance solaire est aussi magistrale qu'apaisante, que les acteurs effectuent leur art divinement bien ou encore que la musique sait se marier comme il faut avec le reste, néanmoins la beauté inhérente à l'œuvre transcende tout cela. Elle s'insinue dans les détails, faisant par exemple de la philosophie et la littérature un moyen détourné pour que les hommes se comprennent entre eux, ou encore de la musique (jouée par Elio) un autre moyen de communication davantage sensitif, touchant plus au corps que les mots.


Et en effet la communication ou plutôt la transmission détient une part privilégiée dans ce film. Elle prend l'aspect d'une leçon antique entre l'homme expérimenté et le jeune citoyen afin de déboucher sur un plus grand échange : celui du nom. "Appelle moi par ton nom", c'est bien cela. Cela équivaut bien entendu à exprimer une certaine symbiose entre les corps, à les faire parler davantage que par le charnel mais par le nom. Je t'offre mon nom, tu m'offres le tiens, je suis toi et tu es moi, je prends en toi ce qu'il me manque et inversement. C'est la définition même de la passion amoureuse...


Que dire de plus ? Rien sans nul doute. Allez voir le film, c'est un conseil que je vous donne. Sincèrement.

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le 2 mars 2018

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Fosca

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