Ce film, je l'adore et il m'agace pourtant un peu. Si je l'aime, c'est toutefois pour une raison avant tout : sa mise en scène. C'est juste tellement... beau. On sent bien que James Ivory (seulement crédité comme scénariste) a dû avoir une influence également sur la technique, parce que le nombre de fois où j'ai admiré la photo, la lumière, un plan avec tout ce que cela implique en décors et en couleurs, au point d'en être enivrant... On parle souvent à mon sens de « claque esthétique » de façon galvaudée : celle-ci en est une vraie, très probablement la plus grosse que je recevrais en 2018.
Le souci, c'est qu'il y a quand même le reste et là, je suis plus dubitatif. D'abord à cause du scénario (l'Oscar reçu à ce titre est à mon sens pas loin d'être honteux), semblant quand même brasser à plusieurs reprises du vide et passant clairement au second plan, d'autant que l'on n'échappe pas à quelques échanges verbeux et quelques scènes pas loin des caricatures de poses « auteuristes », notamment concernant les quelques ébats amoureux de nos deux éphèbes (enfin, surtout un). Après, on peut trouver que c'est une « belle histoire », éphémère et mélancolique, où chacun est sans réelle illusion quant au futur, donnant à l'œuvre quelque chose d'autant plus touchant, sensible.
J'ai beau m'être un peu ennuyé parfois, certaines images me resteront en tête pendant longtemps, certaines enrichies par la douce musique notamment signée Sufjan Stevens, dont le superbe « Visions of Gideon », venant accompagner avec une force étonnante le dernier plan du film, le plus beau également. Un véritable régal pour les yeux, altéré par un récit parfois ronflant : malgré une frustration réelle, difficile de rester insensible à une telle splendeur.