Dans l'ultraviolence de l'Afrique du Sud, un réalisateur a émergé depuis plusieurs années: Neill Blomkamp. Largement salué par le très sensible District 9, puis par le distrayant Elisyum, celui-ci s'est récemment vu introniser comme le nouvel espoir de la saga Alien. Avec Chappie, il réalise un film à la fois très semblable à ses deux premiers, et tout à fait différent.
Chappie, c'est certainement le robot le plus attachant jamais vu au cinéma. Histoire d'une éducation avant tout, on suit avec plaisir l'avancée mentale de cet être si particulier, pris en tenaille entre les intentions pures d'un créateur idéaliste et celles d'une famille recréée. Cette dernière cherche à survivre à tout prix, ce qui en atténue les angles négatifs; Chappie trouve même en sa "mère" un vrai repère, souvent brisé par la volonté de son "père". Chaque personnage n'est pas simple à décoder, le manichéisme est bien loin. Les seuls personnages correspondant à ce schéma sont ceux incarnés par Hugh Jackman, dont on ne voit que le côté sombre, et par Dev Patel, incarnation de l'idéalisme candide, mais on pourra y voir les deux faces d'une même pièce de l'intention scientifique (le Day of the Dead de Romero n'est pas loin).
La mise en scène est fidèle à celle du réalisateur: réelle, presque documentaire par moment, jouant encore ici avec de nombreuses images de télévision de type reportage. Car si le sujet parait à mille lieux de nos préoccupations quotidiennes, c'est bien du monde actuel dont il est question. De plus, les thèmes philosophiques largement évoqués ici enrichissent le sujet en en faisant une oeuvre universelle. Chappie n'est rien d'autre qu'un homme dont on assiste à la naissance, à l'évolution, aux choix, à la peur de la mort,...
La patte Blomkamp est également largement perceptible dès les premiers moments par la situation géographique de l'action en Afrique du Sud, parfaite somme entre le moderne et le traditionnel, entre la stabilité et la violence, bref tout le dilemne vécu par Chappie et son entourage tout au long du film.
Une oeuvre d'une sensibilité extrême dont l'émotion poursuit encore bien après la sortie de salle, en cela bien aidé par la magnifique bande-son de Hans Zimmer qui contrebalance l'ironie rap du score. Personnellement, je n'ai qu'une envie: le revoir!