Après le magnifique District 9 et le mitigé (bien que quelques peu sous-estimé) Elysium, Neil Blomkamp rempile pour un troisième film de SF intitulé Chappie. Avec un budget de 115 millions de dollars, c’est l’œuvre colossale qu’il a eu l’occasion de réaliser.
Ne tournons pas autour du pot, ça n’en vaut pas la peine, la déception fut immense. Et ce à cause de multiples défauts et erreurs mais principalement celle de Blomkamp.
En effet, bien que Blomkamp ait réussi à se faire un grand nom en très peu de temps grâce à son intelligence et son talent à manier la caméra, ici il n’en n’est rien. Blomkamp souffre de lacunes qu’ont ces jeunes réalisateurs d’Hollywood à créer une alchimie entre les personnages et l’intrigue, aucun attachement n’a réellement lieu, bien qu’en ayant choisi les stars du groupe Die Antwoord la plupart des fans devraient s’y attacher plus rapidement mais ce n’est jamais le cas. Chappie est une œuvre ratée la faute à bon nombre d’éléments.
Le premier, le choix des dialogues. Bien que l’audace d’avoir choisi un champ lexical de « gangsta » convient parfaitement à Ninja et Yolandi, le tout devient plus ridicule qu’immersif, en effet, à force de surenchérir, l’intérêt principal se perd. Non seulement pour eux, mais aussi pour Chappie qui se fait éduquer par ses deux protagonistes, là où l’attachement se créer au début pour cet enfant robot, il disparait bien vite au vu des nombreux rebondissements de l’intrigue qui le rendent méprisable et sans réel intérêt.
Le deuxième est évidemment le scénario, là ou Blomkamp excellait par le passé, à aucun moment il n’arrive à produire l’émotion ou la satire sociale qu’il produit dans chacun de ses films. En choisissant un protagoniste comme Hugh Jackman qui ne pêche pas réellement pour son jeu d’acteur mais son rôle, pathétique et stupide au possible, inconcevable dans une telle production de nos jours. Si ce n’était que ça, mais non, la plupart des scènes sont rarement dignent d’intérêt tant elles sont prévisibles, les idéaux des personnages frôlent le nanadersques tant certains choix sont ridicules. Des touches d’humour viendront faire sourire mais rien de plus vu leur travail de recherche. Dommage, l’envie de critiquer certains aspects du monde est présente mais n’arrive jamais à se concrétiser dû à une mauvaise écriture et des facilités scénaristiques bien trop présentes.
En troisième point, la mise en scène, très pauvre et sans grande inspiration, elle ne fait qu’immerger les spectateurs dans un Johannesburg de gang régis par un capitalisme comme District 9 avait pu le faire, bien que les décors soient recherchés ils sont bien trop rares, tant la plupart des scènes sont tournées au même endroit. Comme à son habitude Blokamp livre des scènes d’actions sympas grâce à des ralentis toujours aussi maitrisés mais qui perdent en impact dans les scènes à émotions ridicules dû au manque d’attachement des personnages constamment présent. Encore une chose assez incompréhensible ici, les effets spéciaux, en ayant le plus gros budget qu’il n’ait jamais eu, il arrive à sortir les plus mauvais FX qu’il ait entrepris, bien que l’animation des robots soient réussis certaines scènes sont floues ou manque de détails, encore une chose incompréhensible de la part d’un tel réalisateur.
En quatrième et dernier point, la direction d’acteur, désespérante, nul autre mot pour qualifier une telle maladresse. Bien que la direction ne fût pas partie avec les meilleurs éléments, faire jouer des personnes qui ne sont pas du métier est toujours un défi, un défi que personne n’a réussi. Die Antwoord brille par son envie de réaliser une performance d’acteurs convenables mais l’exagération des émotions constantes et leurs « naturels » est exaspérant. On peut comprendre que Blomkamp est fait appel à eux pour l’immersion et sans doute par passion du groupe, mais qu’on laisse les acteurs jouer et les chanteurs chanter, mélanger les deux ne fait jamais bon ménage. Mais ce n’est pas les seuls qui comportent des lacunes bien évidemment, Hugh Jackman et Sigourney Weaver sont tellement mal dirigés qu’ils arrivent à rendre une prestation aussi désolantes, incroyable pour de tels acteurs.
Tout n’est pas à jeter quand même, certains aspects sont réussis, la psychologie de Chappie est intéressante bien que peu travaillée, il faut lui accorder de l’intérêt quant au travail sur son humanisation et ses nombreuses scènes qui copient en long en large et en travers les scènes du Géant de Fer de Brad Bird. Mais le point le plus positif du long-métrage est sans nul doute sa bande sonore, riche, moderne et rythmée. Elle mélange chansons de Die Antwoord et compositions très réussies par un mixage sonore parfait, un grande réussite pour les métiers sonores.
Vous l’aurez compris, Chappie est un mauvais film qui n’aurait jamais dû voir le jour tant il croule sous les défauts. Blomkamp a déclaré récemment qu’Elysium était raté, il aurait mieux fait de s’abstenir tant Elysium parait réussi par rapport à Chappie. Déception d’un prodige de la SF, espérons sa renaissance pour la suite d’Alien..