Cherry 2000 par FredericMarucco
Ah, encore un film que j'aime. Car j'aime être fier de moi, et je peux l'être pour avoir réussi à aller jusqu'au bout de ce truc.
Comprenons nous bien, ce film aurait été fait dix ans plus tôt il pourrait être, sinon une date dans l'histoire du cinéma, mais au moins culte. Là il repompe tout ce qui venait d'être fait à l'époque. Je passe.
Mais une question se pose, si c'est si nul que ça, pourquoi en parler et ne pas le laisser disparaître au fond de l'océan des navets?
Parce que ça aurait pu être bien. Même très bien.
Le pitch est limpide : un homme amoureux d'une femme robotisée voit celle-ci tomber irrémédiablement en panne, il lui faut la même qu'on ne peut trouver que dans une zone dangereuse, il embauche une superbe rousse genre mercenaire pour l'aider, à la fin du film il est amoureux d'elle, une vrai femme.
C'est suffisamment simple pour qu'on ne se perde pas et que le scénario puisse générer de beaux méandres. Eh oui, en fait on fait les scénarios les plus riches avec les histoires les plus claires.
Hormis le personnage principal (David Andrews, vous connaissez?)qui a autant de charisme qu'un bac à glace, tous les acteurs ne déméritent pas avec en premier une superbe Mélanie Griffith qui fait passer les trucs les plus improbables, comme dégommer au RPG toute une bande de méchants tout en étant en équilibre sur sa voiture elle-même suspendue au crochet d'une grue. Me fais-je bien comprendre? D'ailleurs j'ai beaucoup aimé la voiture aussi, une superbe Ford Mustang rouge… Elle joue très bien quand elle roule au petit matin dans le désert…
Bon, tout ça c'est gentil mais ce qui est le plus navrant est ce qui n'a pas été fait, ni abordé, ni exploré. En premier l'univers que l'on perçoit. Nous sommes dans une sorte de société post-apocalyptique où la seule activité économique est la récupération. Le "héros" est un cadre dynamique et riche typique des années 80, il a une belle maison, une belle voiture et un belle poupée sexuelle qui "l'aime" et qu'il aime. Elle lui fait des super hamburgers (ça remplace le caviar, le foie gras et tout le reste) et son super job est de… surveiller le tri des déchets. Ca a quand même du sens mais c'est tellement zappé que cela devient plus qu'accessoire.
Autre chose, l'argent est devenu tellement rare qu'il a repris toute sa valeur, on mange et on dort pour 2,50$ et offrir 500$ pour un job est donner une fortune. Replaçons nous à la date de sortie du film (1987) qui a d'ailleurs été fait à l'économie et cela reprend tout son sens.
On aurait pu aussi développer la relation avec le robot… Mais celui-ci disjoncte définitivement car il n'est pas étanche (!). Quel naze a conçu un robot sexuel qui prend l'eau?
La quête pour trouver la personne qui l'emmènera dans la zone interdite où on planque des robots comme le sien (modèle Cherry 2000, d'où le titre!) aurait aussi pu être intéressante. Le metteur en scène a reconstitué, ou plutôt réutilisé un décor de Far-West, pour symboliser cette zone frontière entre le monde policé et le grand n'importe quoi désertique. Cela aussi a du sens, pas compliqué mais porteur.
Evidemment notre "hér... euh, on va dire personnage principal, va rencontrer plein de méchants qui vont faire que lui mettre des batons dans les roues, mais des petits batons. Et puis il est tellement peu sympathique que passé un certain seuil on se fout un peu de ses problèmes. On regrette même qu'à la fin il revienne sur ses pas pour chercher la mère Griffith, il méritait d'avoir de l'amour en boite ce type-là.
Mais ça aurait pu être tellement mieux, vous ne me croyez pas? Vous vous souvenez d'un truc qui s'appellait "Blade Runner"?