Costa-Gavras nous a plutôt habitués à un cinéma engagé où il jette un regard aigu et sans concession sur les conséquences humaines des dysfonctionnements des Etats. Ici, dans "Clair de femme", il change complètement de genre.
Il adapte un roman de Romain Gary dont le sujet est la rencontre fortuite d'un homme et d'une femme également désemparés et frappés par la perte d'un être cher. La rencontre de deux détresses qui examinent la possibilité de remonter la pente, ensemble.
Je ne connais pas le roman (que je ne lirai probablement jamais) mais j'ai trouvé la construction du film plutôt habile. Au début, on ne comprend rien et peu à peu le cinéaste dévoile à travers de longs dialogues les deux personnages qui semblent fuir une réalité. Le spectateur en saura plus quand chaque personnage acceptera de livrer à l'autre la vérité en se rendant à chacun des domiciles qu'ils fuyaient. Jusqu'à ces deux points d'orgue du film, tout semblait possible. Mis face à la réalité, les deux personnages sauront-ils ensemble, sinon combler, au moins atténuer le gouffre de la douleur ou de la souffrance ? Rien n'est moins sûr.
La tonalité générale du film n'est pas à l'émotion explicite ni aux jérémiades. C'est beaucoup plus littéraire et l'émotion est intériorisée, reste intime. On pourrait même dire qu'elle comporte une part d'incompréhension voire de déni.
Les deux personnages, Michel et Lydia, sont interprétés par Yves Montand et Romy Schneider. Yves Montand nous fait un personnage assez réservé. Son bavardage incessant est, si je comprends bien, le moyen de masquer sa détresse. Pourquoi pas. Romy Schneider apparait sans fards et sa détresse muette se voit, déjà, dans ses yeux. Les regards qu'elle porte sur les gens ou les choses sont pleins de tristesse et de culpabilité.
Autour d'eux gravite toute une population jouée par des seconds rôles très bons comme Lila Kedrova en belle-mère jalouse de Lydia, Roberto Benigni en barman facétieux et indiscret, Catherine Allégret en prostituée au grand cœur, Michel Robin en toubib, François Perrot dans le rôle du mari de Lydia.
Je conçois parfaitement qu'on puisse aimer ce film somme toute assez littéraire. Pour ma part, c'est un film que j'ai trouvé très angoissant. Particulièrement cette fuite impossible pour Montand face à son deuil. Particulièrement aussi, cette réception pour l'anniversaire du mari de Lydia (François Perrot)
En définitive, je n'aime pas l'histoire racontée dans ce film et je n'ai pas réussi à vraiment m'attacher aux deux personnages principaux. Cependant, je mettrai un 5 pour la mise en scène et le jeu des acteurs qui sont très bons.