Chanson
"On s'est connu, on s'est reconnu
On s'est perdu de vue, on s'est r'perdu d'vue
On s'est retrouvé, on s'est réchauffé
Puis on s'est séparé"
La chanson de Jeanne Moreau me revient à l’esprit quand je repense à ce film. Comme si chaque parole prenait sens, illustrée par les images de Cold War.
Film de Paweł Pawlikowski qui nous emporte en Pologne pendant les années de guerre froide. D’abord, avec une belle introduction aux couleurs du folklore polonais à travers ses chants magnifiés par des voix sublimes. Puis, des artistes inspirés pour promouvoir des chansons populaires dans un pays qui ne laisse de liberté à personne. Suivre le pas...
Dans ces paysages blancs et froids, deux personnages illuminent déjà l’écran :
Zula, être solaire et magnétique. Elle hypnotise les regards. Femme aux allures magnifiques, qui laisse les hommes hagards.
Wiktor, musicien sous régime ferme. Talentueux mais dépassé, qui ne rêve que de liberté.
Deux être attirés dans un tourbillon d’amour torturé.
"Chacun pour soi est reparti
Dans l'tourbillon de la vie
Je l'ai revue un soir ah! là là
Elle est retombée dans mes bras
Elle est retombée dans mes bras"
Un noir et blanc lumineux les enveloppe dans un cadre étroit et intimiste. Pourtant, dans leur quête de l’autre, ils s’éloignent, se retrouvent, puis ils se cherchent et s’abandonnent encore dans les ellipses du temps.
Zula, être de rouille et de feu. Elle se détruit pour mieux aimer, jusqu’au bout d’une route mouvementée.
Wiktor, martyr sacrifié au nom d’Elle. Étoile qui n’a d’yeux que pour son Soleil, jusqu’au bout d’une route tourmentée.
Cold War, transposée à l’échelle de l’humain. Guerre silencieuse et pernicieuse qui n’a de finalité que le drame. Hors-champs bienvenue qui ne laisse aucun doute à une sobre fin.
"Quand on s'est connu, quand on s'est reconnu
Pourquoi s’perdre de vue, se reperdre de vue ?
Quand on s'est retrouvé, quand on s'est réchauffé
Pourquoi se séparer?
Alors tous deux on est repartis
Dans le tourbillon de la vie
On a continué à tourner
Tous les deux enlacés
Tous les deux enlacés..."
La mélancolie nous accompagne à la sortie, mais avec des bribes de beauté mises en valeur par une photographie sublime.