Si vous n'avez pas visionné le moindre épisode de Westworld ou de Black Mirror, que vous ne connaissez pas du tout Les Femmes de Stepford, Revenge, Don't Worry Darling et Ex machina, vous pouvez être étonné par la succession de rebondissements ultra-prévisibles qui s'enchaînent jusqu'à la fin, ne rien voir venir à cent kilomètres.
Bien sûr, pour rendre le tout encore plus conventionnel et plus paresseux, les personnages (même quand ils sont programmés pour être intelligent à 100 % !) s'arrangent toujours pour agir d'une façon stupide, comme dans tout bon film d'épouvante-d'horreur qui ne se respecte pas, et les robots ne manquent pas d'avoir les réactions les plus humaines possibles quand ça arrange le scénario, parce que ta gueule, c'est magique. Et vous ajoutez à cela, des personnages secondaires qui ne servent qu'à accomplir ou faire avancer tel ou tel rebondissement de l'histoire, sans être creusés avant de disparaître.
En plus, ça reste globalement sage. Il n'y a aucune séquence graphiquement choquante, donc mémorable, si je fais exception d'une seule, avec une bougie, qui, pour le coup, marque (en plus de donner un des quelques clins d'œil du tout à Terminator II !). C'est regrettable que ce soit une exception. Le message, quant à lui, est une critique basique et très superficielle de la masculinité toxique, sur fond d'IA. Ne vous attendez pas à une réflexion thématique profonde et originale. Et on n'a pas peur pour le personnage principal étant donné qu'il révèle, dès le tout début, un indice indirect sur son sort final. Le fait révélé n'aurait pas été surprenant, mais ça ôte grandement la possibilité qu'il puisse y avoir un retournement de situation de dingue. Cet espoir n'aurait pas été infondé, car après tout, il y a des films qui se font un malin plaisir d'être volontairement prévisible à donf pendant une bonne partie de leur durée, que pour mieux foudroyer le spectateur avec quelque chose qu'il n'avait absolument pas prévu et qui chamboule brutalement sa perception de ce qu'il avait vu jusque-là.
Autre déception, pour ce qui est de rester sage, lié au fait que notre héroïne robotique n'a pas une programmation immuable, c'est-à-dire que son apparence et ses caractéristiques psychologiques peuvent être modifiées sur commande, fournissant une belle quantité d'opportunités scénaristiques de ouf. Là, à part changer de langue et de niveau d'intelligence, que dalle. Pourtant, cela aurait été un réservoir sans limites pour ce qui est d'offrir des rebondissements étonnants. Dommage.
Sinon, la réalisation est conventionnelle, sans recherche. Disons qu'elle fait le job pour divertir sans procurer une seconde d'ennui. On ne peut pas nier que les temps morts soient absents. Pour moi, c'est plus un film de plateforme, par son manque d'ambition scénaristique et formelle, que l'on regarde chez soi, avec de la junk food à portée de main, sur son canapé ou dans son lit, qu'un film pour lequel on se déplace en salle.
Un gros point positif quand même, pour conclure sur une note heureuse, Sophie Thatcher, outre qu'elle est un régal pour les yeux, est très cinégénique, très charismatique et possède un talent d'actrice solide ainsi qu'une grâce naturelle qui la rendent tout à fait crédible dans son rôle. J'espère la recroiser, un jour, dans des œuvres d'une qualité artistique supérieure.