Intéressante la manière qu'a Masumura de faire quelque chose d'original avec ce film de procès, parce que parfois, ça peut tourner en rond ce genre de scénario. Au-delà de la maîtrise formelle du réalisateur de jongler entre différentes temporalités, c'est le fait de ne pas vraiment mettre le doute au spectateur quant aux enjeux.
Je spoil la suite, si vous ne voulez rien savoir je glisse juste le fait qu'on est devant l'un des plus beaux rôles de Wakao (je le dis à chacun de ses films je sais).
Contrairement à de nombreux films de procès, on a pas trop de doute sur le fait que cette Ayako a commis la faute, comme l'on n'a pas trop de doute sur le fait qu'elle sortira innocente du procès. Là n'est pas l'enjeu, la décision est d'ailleurs prononcée sans un seul effet dramatique, comme reléguée au second plan. La seule chose qui compte pour Masumura c'est cette Ayako Takigawa, qui s'appelle Noriko dans le roman. On change son prénom pour le lier à Wakao, le film commence par l'actrice/le personnage noyé sous les caméras et flashs de journalistes.
Si elle n'a pas tué de mari, Wakao se reflète dans le personnage qu'elle interprète. Dans certains questionnements et certaines situations vis-à-vis du regard que la société japonaise pourrait avoir sur elle. Se muant tant en accusée, en victime de la société mais aussi en meurtrière concrète dans un film aux cadres serrés et anxiogènes elle porte le film avec une grâce et une fragilité qui nous laisse bouche bée.
Hormis Wakao, les autres aspects du film sont maîtrisés, la monté de la tension et de l'inéluctable destin de nos personnages est à souligner tout comme son dénouement. Masumura ne cache rien, le spectateur peut aisément deviner tout le schéma narratif du long-métrage, mais ce n'est pas ça qui l'empêchera de déprécier cette très belle proposition.