Londres, c'est quand même sympa. La ville cosmopolite peut prendre tous les visages et sait glisser au besoin sur la ligne de crête entre le film hollywoodien et la production aux airs d'indépendant. La couleur est d'ailleurs annoncée d'emblée avec James Franco et Kate Hudson, qui forment un adorable couple californien immigré pour raisons familiales. La ville va les aider à teinter le film de ce goût du spectacle si complémentaire avec le lumineux drame à la british.
L'objectif, pas très original, c'est de montrer que de telles personnes, de bons citoyens, couple mignon et fonctionnel victime des circonstances, peuvent se transformer devant l'opportunité pas très propre de se sortir de la mouise. On fait appel à nos plus beaux sentiments pour justifier de leur basculement moral, et ça marche assez bien car c'est bien écrit, même sans audace, et parce que les deux acteurs marchent bien ensemble.
Et puis les deux facettes du film se mêlent et déclenchent une réaction en chaîne qui est à l'origine du charme de l'œuvre en même temps que de son ratage. Les honnêtes citoyens deviennent des durs à cuire à partir de rien, une violence inouïe se répand partout, les méchants sont vraiment très méchants, et le gentil vieux flic est un patchwork pseudo-pop-culturel de commissaire de séries.
L'histoire a tôt fait de perdre tout son sens. Pourtant, jamais on ne ressent de malaise particulier, parce que l'ambiance marche très bien. Même mélangés, les deux visages de l'histoire s'expriment et préservent l'âme très charismatique de la création de Henrik Ruben Genz, malgré ses nombreux symptômes d'un quasi-navet ultraviolent et pas très patient. Une fois le dénouement pondu, l'on nous précipite d'ailleurs sur le générique comme pour nous dire "circulez, il n'y a plus rien à voir". La magie de Londres a opéré mais n'aura pas eu beaucoup de place pour s'exprimer.
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