Le quatrième long-métrage de Jacques Audiard est synonyme de triomphe auprès du public et surtout des professionnels, avec 8 Césars engrangés en 2006, dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur. Une razzia méritée, sauf peut-être pour Linh Dan Pham, dont le rôle est trop peu étoffé pour prétendre à la récompense.
Récit initiatique, "De battre mon cœur s'est arrêté" narre la rédemption par la musique d'un petit escroc, fiévreusement incarné par Romain Duris. Ce jeune trentenaire agité et un peu paumé arrive à la croisée des chemins, partagé entre les magouilles paternelles et l'idéal artistique d'une mère décédée prématurément.
Ce héros tourmenté se voit offrir l'opportunité de passer une audition, évoluant alors de façon irréversible à mesure qu'il prépare studieusement cet examen, aidé par une jeune chinoise étudiante au Conservatoire.
En laissant le piano revenir dans sa vie, Tom s'ouvre à tout un pan de son humanité, jusqu'ici refoulée... Ainsi, notre héros va tomber amoureux, et cette relation naissante avec Aure Atika (qui n'a jamais été aussi belle et émouvante) est joliment filmée par Audiard, à la fois dans sa dimension charnelle et sentimentale.
Ce remake d'un film américain de James Toback ("Fingers" - 1978) s'inscrit harmonieusement dans l'œuvre de Jacques Audiard, qui parvient décidément à réconcilier cinéma grand public et démarche plus intimiste, bien aidé par une distribution haut de gamme : Niels Arestrup, Gilles Cohen, Jonathan Zaccaï et Emmanuelle Devos incarnent en effet des seconds rôles remarquables.
Un beau film à la croisée des genres (drame psychologique, film noir, romance), seulement affaibli par un rythme nonchalant et un épilogue peu convaincant; et dont la forme proche du documentaire (caméra portée, photo brute, montage heurté) pourra en rebuter certains.