Au vu du casting et de la promo autour du film, l’identité de De guerre lasse semblait une évidence : un polar d’action français, dans la veine des réalisations d’Olivier Marchal, Julien Leclerq et autres Fred Cavayé. Pourtant, malgré ces préjugés faciles, De guerre lasse se révèle relativement différent des films des réalisateurs susnommés. Lorgnant d’avantage vers une sorte de western urbain en plein cœur de Marseille, De guerre lasse avait de quoi surprendre – en plus d’être relativement original dans le paysage cinématographique français, il bénéficie d’une équipe technique de qualité avec beaucoup de potentiel.
La sauce ne prend pourtant pas. De guerre lasse est factuellement un bon film : mise en scène classe, acteurs à peu près corrects (malgré quelques graves erreurs de casting)… Manque juste une écriture originale et une histoire intéressante. L’ennui émerge rapidement de ces histoires de vendetta / gangstas marseillais, et on passe d’une entame intrigante à un récit qui traîne inutilement en longueur. Pas que De guerre lasse soit un navet, loin de là, les thèmes abordés sont plus que prometteurs et parfois atteints avec justesse, mais De guerre lasse est un film atrocement anecdotique – le film de Panchot ne prend jamais d’ampleur, d’importance, et demeure un actionner plutôt mou qui aurait mérité un scénariste plus énergique et d’avantage d’originalité.
On n’évoquera pas, par respect, Tchéky Karyo, habituellement charismatique au possible mais ici complètement fade, si bien qu’il se fait écraser par un Jalil Lespert pour le coup réellement convaincant, devenant facilement l’atout principal du film.
De guerre lasse est une déception, et est loin d’être incroyable, mais il n’est pas pour autant inutile. Plutôt insipide. Le scénario trop déjà-vu et un manque d’idées certain rendent ce polar prometteur en une œuvre inachevée et presque triste d’une équipe talentueuse qui s’est reposée sur ses lauriers. Loin d’être irregardable, mais aussitôt oublié.