N'est pas Burlesque qui veut
Fidèle à sa politique, Kubrick s'attaque dans le Docteur Folamour à un genre qu'il n'avait pas encore exploré. Si les thèmes abordés dans le film sont propres au réalisateur, le style de la comédie noire est néanmoins nouveau pour le metteur en scène.
Le film se situe entre la satire politique et la farce à suspense. Malheureusement le film n'est pas drôle, ce qui est problématique pour une œuvre qui se prétend comédie. L'humour potache voir vulgaire manque de subtilité. Le comique outrancier repose autant sur le visuel que sur le sonore, mais c'est un triste constat que de voir, l'un comme l'autre faire preuve d'un manque de subtilité évidente. Au niveau sonore, l'humour se veut construit dans les dialogues, or les répliques ne volent pas haut, c'est ainsi que nous assistons au dirigent de l'URSS soit disant pompette ou à un commandant qui « a fait une bêtise ». Le comique burlesque ne rattrape guère la chose, le gage de la machine coca-cola qui explose pourrait se trouver dans un dessin animé pour gosse tout autant que celui du bras incontrôlable du docteur folamour qui réalise de manière automatique le salut nazi. Ces deux gags représentatifs de l'humour du film sont, à mon sens, le théâtre d'un comique facile. Les personnages grotesques sont eux à l'image de l'histoire, ils ne pas décollent de la base élémentaire d'une caricature accessible.
Alors pourquoi 5? Si l'humour du film n'est pas une réussite, la satire globale n'est pas un échec pour autant. Construire une comédie sur la guerre froide, seulement un an après son apogée à cuba n'est pas une mince affaire. L'œuvre est porteur d'un message qu'elle expose clairement: la guerre est une absurdité. De plus, Docteur Folamour est intéressant pour les divers sujets qu'il traite, bien que nous retrouverons ses thèmes abordé avec plus de réflexion dans ses prochains films (Orange Mécanique, 2001, L'odyssée de l'espace, Full métal Jacket), l'œuvre permet de voir l'évolution et la conviction que porte Kubrick sur des sujets comme les rapports sociaux, la politique, l'ingérence des technologies et la folie de la guerre.
Si le pari d'un film humoristique sur la guerre froide n'est donc pas totalement réussit pour Stanley Kubrick, il n'est cependant pas totalement raté. Desservit par un comique basique, Docteur Folamour suscite toutefois une attention pour son message politique.