Démesuré et somptueux à la fois, ce qui fait de ce Dune la parfaite transcription visuelle du livre. Après avoir tourné la dernière page du premier tome de Dune (époustouflante lecture) lu pour l'occasion de cette ré-adaptation par Denis Villeneuve (en qui on a totalement confiance, après son brillant Prisoners et ses intéressants Premier Contact, Blade Runner 2049...), après avoir jeté un œil au casting alléchant, après avoir constaté qu'Hans Zimmer est à la composition musicale, on n'en pouvait plus d'attendre la sortie de ce mastodonte. Et l'attente en valait le coup : on s'en est pris plein les yeux, la tête nous a tourné comme si l'on avait respiré trop d’Épice. Pour qui aime le livre, voilà une bien fidèle adaptation (navrée pour celle de 1984 qui charcutait le livre), qui parvient même à mettre des images sur des concepts parfois évasifs du livre (on adore le joli design "libellule" des orni volants), qui se permet la coquetterie de changer deux ou trois éléments narratifs (l'envoyé de l'empereur Liet Kynes est devenu une femme, ce qui respecte la volonté du livre de donner des rôles majeurs aux deux genres), de couper quelques passages "moins importants" pour rester efficace sur la durée (le second neveu du Baron Harkonnen disparaît, le combat dans le désert entre Paul et Jamis est plus concis, il n'y a pas d'enquête sur la potentielle trahison de Thufir Hawat lorsqu'on cherche à savoir qui en veut à la vie de Paul, l'enquête sur la serre botanique cachée dans le Palais...), et surtout le film préfère être complet et copieux, quitte à s'arrêter aux trois-quarts du tome, plutôt que de vouloir aller trop vite et l'adapter en entier. La lectrice sait donc déjà l'immense twist et le final dantesque qui nous attendent en début du prochain opus, et en salive déjà d'avance... Comme prévu, le casting est au top (surtout Timothée Chalamet et Rebecca Ferguson qui forment un duo sensible et puissant), la musique rappelle les sonorités du Maghreb (donnant encore un peu plus de chaleur à l'image) alliées à toute l'énergie des percussions d'un Zimmer en très grande forme, les costumes sont un ravissement pour les yeux, les effets spéciaux impressionnent par leur démesure et pourtant une certaine finesse "villeneuvienne" (on pense au si joli vaisseau de Premier Contact), l'action ne manque pas (la scène de sauvetage des moissonneurs !) et on a enfin des boucliers corporels qui visuellement ne nous donnent pas un fou-rire nerveux (1984...). Pour les simples curieux, il faudra faire un léger effort pour rentrer dans l'univers si particulier de Dune, laisser venir à soi les mots inconnus et les explications des Maisons (heureusement un petit topo au début est là pour vous aider), mais ne vous inquiétez jamais de la sincérité de Villeneuve qui vous tend la main à chaque plan pour que vous suiviez autant qu'un fan. On sent toute l'envie de faire une œuvre située entre l'hommage aux lecteurs férus et le divertissement assuré pour les néophytes, jamais Dune ne nous prend de haut, et nous invite déjà à suivre Paul et sa mère dans les contrées arides d'Arrakis, pour des aventures encore plus hallucinantes, sans besoin d’Épice pour cela, juste de Villeneuve, d'un casting extra, et d'un livre exceptionnel.