Il est dit dans Wikipédia : « Contrairement à ses précédents longs métrages, le réalisateur décide de prendre son temps pour élaborer le film, expliquant qu'il ne s'est pas senti aussi libre à la conception d'un projet depuis son film « Incendies ».
« Incendies »... La découverte d'un cinéaste canadien adaptant une pièce de théâtre du dramaturge libano-québecquois, Wajdi Mouawad.
Que de chemin parcouru...
A « La grande table » de France Culture du 13/09/2021, Denis Villeneuve dit une chose essentielle qui résonne à la vision de « Dune » : « Le cinéma est pour moi une sorte de rêve éveillé. »
Dès le début, Denis Villeneuve impose un rythme lent au film, qui ne le quittera jamais vraiment, hormis quelques scènes de combats, comme diffractés et ralenties à la fois, d'une efficacité qui rappelle « The assassin » de Hou Hsiao-hsien.
La grande beauté de « Dune » tient au filmage attentif des visages des personnages, souvent en très gros plans, captant chacune de leurs émotions. La première heure s’apparente davantage à un drame à la Ingmar Bergman ou à une tragédie Shakespearienne. Les personnages placent leur importance dans le récit, les rapports politiques et philosophiques sont clairement énoncés, tout cela dans des intérieurs atemporels, des villes ruines, où les personnages sont habillés de vêtements syncrétiques des époques passées ou futures ; nous sommes bien loin du kitsch clinquant de la version de David Lynch.
Les personnages évoluent dans des paysages extrêmes, romantique sur une planète, à l'aridité d'une autre, et de celle déserte qui s'avère être la plus fascinante.
C'est dans ce lieu (le Wadi rum de Jordanie?) que Denis Villeneuve se permet toutes les audaces filmiques, spectaculaires, jusqu'à filmer des images de sable abstraites, organiques. Le film dans son ensemble a une palette de couleurs très limitée, qui d'apparente à la rigueur d'un noir et blanc. C'est très beau.
Enfin, la somptueuse et sombre musique de Hans Zimmer enveloppe l'ensemble du film, amplifiant encore l'idée du « rêve éveillé »