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De la violence, de l'amour, de la mort, les dés sont jetés dès le début du film qui place tambour battant le cadre de la comédie musicale, et la parole chantée ou dite. Les danses sont assez réussies, car il y a du monde, c'est comme une sorte de grand flashmob, avec son personnage solo, Rita, qui partagera l'écran avec d'autres femmes, dont Emilia Perez, qu'elle va accompagner dans sa transition sexuelle ( sans avoir trop le choix...). Jacques Audiard confirme avec ce dernier film la place singulière qu'il occupe dans le cinéma. Raconter l'histoire de personnes à la marge semble être le fil commun de tous ses films. Emilia Perez invente une nouvelle forme de comédie musicale, très contemporaine ; certes parfois les jeux de couleurs évoquent Jacques Demy, (l'explosion des robes roses dans la scène du bureau), en empruntant les chorégraphies, les déplacements voire l'esthétique des vidéoclips (je pense ici aux clips de Lady Gaga) pour mieux les amener à faire cinéma, donnant ainsi des scènes de grandes intensité émotionnelle, entre les chansons de la chanteuse Camille, et de son complice Clément Ducol, qui n'hésitent pas à faire appel aux codes des musiques urbaines et de leur son parfois autotuné. Il y aura même une scène à l'esthétique karaoké. "Emilia Perez" est avant tout l'histoire d'une rédemption, un homme (mauvais) qui devient femme (bonne) et qui également connaîtra, transitionnée, un nouvel l'amour. À la comédie musicale, se greffent d'autres genres cinématographiques, : mélodrame, thriller, film social, tout cela habilement composé. Le film est inspiré du roman "Écoute" de Boris Razon et donne d'ailleurs envie de le lire... Je trouve que Michel Audiard a le talent de filmer, un peu comme Max Ophüls, une caméra véloce, virevoltante, enveloppante et d'une grande fluidité ; à cela s'ajoute des plans circulaires assez nombreux, et qui accompagnent bien la fantaisie inhérente au film. L'épisode "carroussel" de la chirurgie esthétique est, dans la scène à Bangkok, un hommage aux comédies musicales américaines, avec ses doubles mouvements rotatoires, ces scènes vues de haut, cette joie un peu forcée, factice. Film faussement cosmopolite, il a été a été tourné quasi intégralement dans les studios val-de-marnais de Bry … C'est là également un tour de force que d'arriver à recréer des atmosphères lointaines en studio...Il doit bien y avoir des plans de Mexico réels... "Emilia Perez" est aussi la radiographie d'un pays rongé par la violence des cartels , les disparitions d'étudiants, (100 000 victimes), les homicides … l'ultime scène, procession-hommage conclut brillamment le tourbillon affectif que constitue le film. Couverts un peu partout de prix, je les trouve bien mérités.

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