Coincé entre la plage paradisiaque et l’ouragan de la guerre, l’insouciant Carlo, planqué par son père, un dignitaire fasciste, vit une passion incandescente avec une veuve marquée par la rigidité des conventions et la tragédie de la perte de son mari tué au combat. Dès les premières minutes le film est fascinant grâce à un couple central magnétique et lumineux. Eleonora Rossi Drago donne une réplique pleine de sensualité et d’élégance à Jean-Louis Trintignant dans un de ses meilleurs rôles. Ils sont entouré d’une galerie de personnages représentatifs et souvent parfaitement interprétés (avec en tête Lilla Brignone dans le rôle de la madre intransigeante). Mais surtout, sensibilité, frémissement et érotisme atteignent un sommet dans la danse (sur un score d’Arthur Freed retravaillé) au cours d’une soirée dont le thème de l’évasion de la situation présente, en renforce le nihilisme. Au premier baiser qu’ils échangent dans le jardin, magnifique et cruel pour Jacqueline Sassard qui observe de loin, répond le baiser sensuel contre la porte de la cabine de plage, dont l’érotisme est brusquement interrompu par un contrôle d’identité aussi mal venu que dramatique. Sublime pellicule de Tino Santoni qui allie profondeur de champ et éclairages travaillés, accompagnée d’une musique toute en justesse de Mario Nascimbene. Valerio Zurlini qui a écrit cette histoire, développe avec Suso Cecchi D'Amico et Giorgio Prosperi un scénario ciselé avec une précision d’orfèvre. Seuls regrets, une fin explicite et un peu pétaradante (le soit disant réalisme à la Rossellini) qui en atténue la force, même si la sublime et déchirante séquence finale la sauve en grande partie. Par son élégance et sa construction mélodramatique, avec Eté violent Zurlini se situe quelque part entre Douglas Sirk (le nihilisme en plus) et Vincente Minnelli (la couleur et l’aspect social en moins). Dès son deuxième film, avec une tristesse qui ne l’abandonnera plus, le réalisateur frappe fort.