Quantième Art ?
Quelle limite entre le bonheur et la folie, entre la raison et l'acceptation résignée de son propre sort ? C'est ce qu'explore ce film dont le thème est psychologique s'il en est, puisque les folles du titre sont littérales et que l'histoire va nous faire réfléchir à la légitimité de la loi quand l'amour en tous genres entre en jeu. Ce n'est pas un hasard si les deux femmes tenant les rôles principaux vont semer l'anarchie sur leur parcours, que ce soit sous sa forme chaotique ou idéologique.
Bon, on ne fait pas de drame en Italie sans verser dans le revendicatif, mais il y a bien un défaut dont on puisse parler : comment prendre au sérieux le message politique lancé par une œuvre qui donne tout crédit à des personnes causant des problèmes si monstrueux ? Et pourquoi trouvent-ils leur compte après avoir passé leur temps à se cogner la tête contre le mur en béton armé du bon sens ? Il est presque dommage que le film se presse d'enchaîner les plans aussi vite que la langue est parlée pour s'échouer sur cet écueil. Toutefois, ce n'est pas là le fondement de l'histoire, qui soulève avant tout les sujets de l'humanité et de l'individualisme.
Est-ce que la tolérance médicale de personnes trop différentes n'est pas une forme raffinée d'hypocrisie ? Tout en gardant les proportions justes de ce qui fait des gens bons et mauvais, le film nous fait remettre en question toute forme de pensée, jusqu'à l'empathie la plus sincère, à cause de ces ce genre de motifs. C'est là la vraie réflexion politique et ce qui fait du film qu'il est beau. On aurait aimé avoir le temps de réfléchir plus profondément sur le sens de chaque scène, mais ainsi est le cinéma italien, et comment lui en vouloir quand il est mené par deux grandes actrices ? Il n'aurait pas fallu les discriminer aux récompenses car c'est là une vraie faute de goût critique qui ne sait pas voir la force et l'insécabilité d'un duo.