Frissons par Nicolas Montagne
Il n'y avait que Cronenberg pour avoir une idée aussi farfelue!Pourtant, Frissons est loin du titre bis qu'il aurait pu être s'il avait été réalisé par n'importe qui. A l'aube de sa carrière, Cronenberg fascine déjà pour son goût en matière de bizarrerie et de violence. Il se livre ici à une critique féroce du confort du monde moderne, ce qu'il annonce dès la séquence d'introduction de son film, farouche parodie de ces publicités de promoteurs immobiliers. On sent que quelque chose va définitivement clocher, mais en fait quelque chose cloche déjà, avec des habitants moins lisse qu'il ne pourrait y paraître de primer abord.
Frissons est un film gore, très violent, en appelant à la fois à Freud et à Lovecraft. Les créatures parasites infectant toute la population de l'immeuble ne sont rien d'autre que la projection du moi profond de tout être humain: un animal sexué. Et de sexe, il en est question à toutes les séquences, que ce soit dans des moments de séduction (avec une Barbara Steele toujours aussi grrrr depuis Mario Bava) que dans les moments où les bêbêtes on ne peut plus phalliques (quoiqu'aux allures d'excréments, ce qui, cela étant dit,ne fait qu'ajouter au thème de l'oganisme chez Cronenberg) pénètrent hommes et femmes dans tous les sens. On assiste donc finalement à un déversement de zombies assoiffés de sexe, quelque soit le type de sexualité (hétéro ou homo, puisque cette dernière sexualité fascine Crononberg), ce qui implique donc à la fois de la violence puisque les victimes sont sauvagement agressées, mais aussi de la partouze géante, le magnifique immeuble de standing se transformant ni plus ni moins qu'en un gigantesque baisodrome où chacun veut atteindre le frisson du septième ciel!Si ça, ce n'est pas du film contestataire!