La passion pour l’art taille notre vision de l’existence en joyau. Un fanatique dévoué à une œuvre s’en fait le porte-étendard. Luchini incarne l’un de ces orpailleurs du quotidien dans Gemma Bovery, le dernier Anne Fontaine, coécrit avec le génial Pascal Bonitzer (dévorez son Cherchez Hortense !)
La Normandie s’y métamorphose en scène de théâtre, sauce vaudeville, avec les affres du voisinage cuits à point. L’arrivée d’une jeune anglaise en son sein bouleverse l’intégrité masculine du boulanger lettré qui pétrissait jusqu’à lors la plénitude. Il s’imagine lire en elle comme en un livre ouvert, Madame Bovary de Flaubert, en l’occurrence. De là découle un torrent de quiproquos, une éloge délicieuse de l’imbroglio. La justesse des péripéties n’est pas l’objet de Fontaine, qui confectionne ici une vraie fable. Le ton se manifeste d’entrée de jeu par un bris du quatrième mur qu’on ne réparera plus : les actes de la belle se calquent sur l’ouvrage de Flaubert, c’est assumé. Moins naïf qu’espiègle, Gemma Bovery comporte quelques piques d’un cynisme acerbe, comme ce « Je préfèrerais que tu te drogues que de dire des conneries pareilles » de Luchini à son fils qui méprise l’opus qu’il cajole.
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