Alors oui, visuellement Ghostland c'est très beau, la mise en scène est inventive et angoissante bref formellement le film est très réussi. Mais il faut parler d'un problème majeur auquel fait face le cinéma aujourd'hui, celui des représentations. En effet le cinéma comme miroir du monde, des sociétés et des individus se doit de les représenter dans leur diversité, de préférence en évitant le piège des stéréotypes.
Mais alors qu'est ce qui cloche dans Ghostland ?
D'abord, on peut légitimenent questionner les intentions de son réalisateur Pascal Laugier, un homme blanc de 50ans qui depuis l'origine de sa cinématographie, semble particulièrement apprécier mettre en scene (à la limite du torture porn) des jeunes filles mineures se faisant abuser physiquement sexuellement et psychologiquement. Si les victimes sont des jeunes femmes à peine pubères, se pose alors la question suivante: qui sont les agresseurs ? Vous me répondrez probablement des hommes ? Nuance, chez Laugier ce ne sont pas des hommes mais bien des monstres, et qui sont ces monstres ? Une femme trans et une personne handicapée. Vous voyez où je veux en venir avec la représentation ? Ce que Ghostland sous-entend donc (volontairement ou non difficile de savoir) c'est que les monstres sont les déviants, les marginaux, celles et ceux qui ne vous ressemblent pas. Ce sont des vieux poncifs du genre horrifique certes mais ceux-ci sont problématiques et dangereux. Les personnes trans et handicapées déjà minorisées dans notre société et bien plus souvent victimes que coupables de violences se voient ici représentées comme des brutes inhumaines et vicieuses.
On peut ajouter à celà les conditions de travail dangereuses sur le tournage: "En décembre 2016, lors du tournage de Ghostland, Pascal Laugier demande à l'actrice Taylor Hickson, alors âgée de 19 ans, de frapper du poing contre une vitre, et affirme que cela n'était pas dangereux. Alors que l'actrice se conforme aux demandes du réalisateur, la fenêtre vole en éclats et provoque une grave blessure au cou et au visage de l'actrice, qui nécessitera 70 points de suture, et laisse à Taylor Hickson une cicatrice permanente sur le côté gauche du visage".
Bref si vous ne voyez pas le problème avec ce film et les représentations qu'il véhicule ou que vous pensez que le cinéma "ce n'est pas la réalité" ou que "on ne peut plus rien dire" respirez un grand coup et remettez vous en question.