Mon premier James Bond au cinéma, ça marque. Bienvenu dans les 90’s, et autant que le changement d’interprète, le passage à une nouvelle décénnie est marquante. La guerre froide a pris fin, les ennemis de toujours de Bond vont devoir changer. Mais avant ça GoldenEye fera office de pont associant passé, présent et avenir.
Nouvel interprète, Pierce Brosnan semble composer un best-of de ses 4 prédécesseurs. La palette des sentiments de Bond n’aura jamais été aussi large au sein d’un seul film : drôle, décontracté, classe, séducteur, plein de répartie, macho, dur, austère, violent, nerveux, colérique, lunatique presque... et surtout meurtrier. Jamais Bond n’aura autant abusé de son permis de tuer, pour lui ce n’est plus une finalité mais un moyen. Brosnan enfile le «large» costume à merveille. Le changement d’époque permettra de mettre à mal le personnage dans ses attitudes du passé encore bien présentes, le briser pour mieux le reconstruire. Entre James se faisant recadrer de la plus belle des manières par une Moneypenny charmante et féminine mais surement pas potiche et soumise sur le concept de harcèlement sexuel, par SA supérieur hiérarchique M, dont Judi Dench apporte une sacrée dose de charisme en très peu de temps, lui faisant ravaler son numéro de macho-dinosaure et James semblant ne jamais être pris au sérieux par ses acolytes (Jack Wade et Dmitrovich Zukovsky). Malmené, il le sera encore plus par l’incroyable Xenia Zirgavna Onatopp (Famke Janssen), aussi belle que dangereuse, sadique (c’est peut de le dire), excessive mais jamais grotesque, c’est une vraie passionnée de la mort et de la douleur. L’antagoniste en la personne de Alec Trevelyan (Sean Bean) est tel un miroir déformé et brisé de Bond, chacun se battant contre lui même à travers l’autre, n’aimant pas l’image qu’ils se renvoient. Ce qui en fait le combat le plus personnel et intérieur de James Bond et du coup un des plus intéressant.
La réalisation de Campbell est des plus dynamique. La photo de Phil Meheux est superbe et léchée avec ses noirs profonds et ses nuances de bleu et de orange composant un univers plus «fictionnel», contrastant avec le réalisme et la rudesse des aventures précédentes. L’intrigue accroche. Les scènes d’action nombreuses, diversifiées et superbement exécutées, bien que la doublure de Brosnan soit trop visible à de nombreuses reprises, et le mano à mano final entre Bond/Brosnan et Trevelyan/Bean sans doublure est féroce. Les Girls dans la continuité du précédent film, aussi belles qu’impliquées, l’une dominant même James Bond. La ré-orchestration du James Bond Thème par Eric Serra me plait bien. Comme pour Bill Conti (Rocky) et Michael Kamen (Die Hard) avant lui on ne peut s’empecher de l’associer à un autre univers (Besson), mais je ne trouve pas ça déplaisant, beaucoup moins emballé par son morceau pour le générique de fin.
Point noir, le film est la porte d’entrée du placement de produit à outrance et qui va parasiter toute la suite de la saga.
Le Générique :
Chanson - La compo de Bono et The Edge couplée au timbre grave et puissant de Tina Turner est une vraie réussite.
Visuel - Kleinman reprend le flambeau laissé par Binder en lui donnant un énorme coup de boost. Plus complexe, encore plus graphique et plus ancré dans l’intrigue générale lui donnant l’aspect d’un court résumé de ce qui se passe entre la scène d’introduction et le «9 ans plus tard» ouvrant le film. Très beau.
LA James Bond Girl :
Famke Janssen aka Xenia Zirgavna Onatopp. Sadique serait le mot le plus approprié pour la définir. Passionnée fonctionne très bien aussi. Une passionné du meurtre, sans carcan, sans retenue... un moyen pour elle d’atteindre l’extase. En plus d’en faire une Girl très à part, elle est des adversaires de Bond la plus mémorable. Famke est d’une très grande beauté ténébreuse.
LA réplique :
_«You don’t need the gun... Commander.»
_«That depends on your definition of safe sex.»
Si la période Dalton avait un peu calmée le jeu sur les punchlines, la période Brosnan elle se lâche totalement et ce dès le 1er épisode.
Celle ci, qui n’en est qu’une parmi de nombreuses autres, trouve un écho avec l’action qui va suivre car Bond va se retrouver dans une posture tout sauf «Safe» entre les cuisses de Xenia pour un simili coït des plus brutal.
LA scène :
Difficile d’en isoler une, entre le saut à l’élastique impressionnant ne mettant pas du tout en scène Brosnan, la course entre la DB5 et la F355 introduisant le personnage de Xenia, le combat entre James et Xenia dans les bains, le face à face James/Alec dans le cimetière de statues, la course poursuite avec le char dans les rues de St Petersbourg,... le choix est vaste et le film regorge de moments marquants, donc tous ceux là.
J’évoquerais quand même un moment non prévu et particulièrement drôle lors de la scène entre Bond et Q dans le labo de ce dernier. Alors que Q vient de faire exploser le mannequin à l’aide de son stylo-bombe, il se retourne vers James en lui demandant de ne pas faire de remarques : «Don’t say it», ce que Bond ne se prive pas de faire quand même : «The writing’s on the wall ?». Q se plaçant à coté de Bond rétorquant hilare : «Along with the rest of him». L’hilarité de Desmond Llewelyn n’est absolument pas feinte et Brosnan a coté de lui se retient difficilement de garder son sérieux, n’arrivant pas à masquer un début de rire franc et naturel.