Sans doute ma note est-elle généreuse, Joe Dante boxant dans la catégorie juste en-dessous des plus grands. N'empêche, « Gremlins » est l'incarnation de ces divertissements modèles qu'Hollywood ne sait absolument plus produire aujourd'hui. On prend son temps pour poser une situation, la rendre clair, on garde soigneusement le mystère autour de la créature, on ne la révèle pas trop tôt physiquement, tout en dessinant des personnages charmants, ayant toute leur place dans un récit rondement mené, sans doute légèrement répétitif sur la durée mais doté d'un humour noir souvent rafraîchissant.
Il y a une vraie escalade dans la destruction et l'on se délecte à l'avance du malheur qui va arriver à certains nuisibles de la ville, que le scénario semble avoir conçu uniquement dans ce but. Chapeau également aux créateurs de Gizmo (summum de mignonnerie) et sa « progéniture » dégénérée pour en faire des figures absolument mythiques de la pop-culture, nourris à la télé dont ils s'imprègnent pratiquement de chaque image (de là à y voir une critique de la société de consommation?). Pas mal de scènes mémorables
(la piscine en ébullition, formidable),
voire carrément cultes
(la projection de « Blanche-Neige et les Sept Nains » au cinéma),
références cinéphiles en rafale et belle exploitation des décors, joliment mis en valeur par la période de Noël.
Surtout, il s'agissait vraiment d'une époque où le soin apporté au visuel, notamment à travers une délicieuse photo « so 80's », s'intégrant parfaitement à l'univers du film. Bref, « Gremlins », c'est du cinéma comme on n'en fait plus, non sans quelques légères rides
(une poignée d'effets visuels approximatifs (l'arrivée des Gremlins en ville))
et un esprit corrosif qui aurait pu aller plus loin, mais surtout une production haut de gamme, dont l'amour pour le septième art se manifeste de bout en bout pour notre plus grand plaisir. Quelle chance d'avoir pu le (re)découvrir sur grand écran...